Peintre et sculpteur jouissant aujourd’hui d’une renommée internationale, Abderrahim Yamou est né Casablanca en 1959. Il ressentira, très tôt, le besoin de dessiner, avant de se sentir attiré par l’univers de la peinture qu’il découvrira d’abord dans les revues et galeries casablancaises. Puis, Baccalauréat en poche, il se rendra en France où, parallèlement à ses études de Sociologie, il continuera d’écumer galeries et musées et, surtout, de créer. A l’âge de 27 ans, l’artiste décide de se dédier pleinement à son art : « Dans les années 90, dit-il, j’ai commencé une série de peintures en terre. Je mélangeais la terre avec de la colle et je l’étalais sur la surface de la toile (…). De cette période est né mon désir de travailler sur le végétal ». Yamou se dit animé d’une étrange fureur dans ses premiers rapports à la toile et à la matière sur lesquelles il agit en confrontant « croissance et détérioration, photosynthèse et oxydation, vie et mort ». Et si ses œuvres récentes relèvent d’un travail d’orfèvre alliant minutie, beauté, et bouleversante pureté, elles n’en relèvent pas moins d’un prégnant questionnement sur le sens du vivant. L’artiste refuse, d’ailleurs, de subdiviser en périodes une œuvre qui, si elle évolue, garde pleinement sa cohérence. A la fois séduisantes et inquiétantes, les œuvres de Yamou confrontent les lumières aux ténèbres, les mettent en scène, indécidable et fascinant miroir. « Le long de mon travail sur le végétal, il était, affirme-t-il ainsi, question d’exalter le vivant. (..) Le travail actuel s’intéresse aux graines comme prémices des plantes futures, comme des particules rondes en chemin vers l’humus originel, comme formes flottantes qui restructurent l’espace en introduisant une dimension aérienne. Les graines en vol sont suspendues au-dessus d’un espace qui oscille entre le plein et l’aride, entre le foisonnement et l’attente. Ces semences flottantes déstructurent l’existant et réinstallent le tableau dans un espace plastique fécondé, hybride. »
Si, à l’occasion de cette nouvelle exposition dont le vernissage aura lieu à L’Atelier 21, le 21 octobre, à 19h, les connaisseurs reconnaîtront la griffe de l’artiste dans ce travail d’orfèvre qu’il fait sur le végétal, ils auront la surprise de voir, cette fois, apparaître, parmi les délicates efflorescences nées sous les doigts de Yamou, sur la toile, la main de l’homme, dans « Une scénographie où le motif principal –l’acteur principal doit-on dire– est la main-maitresse, la main qui sème, la main qui compose, la main qui œuvre, la main créative, la main patiente qui attend la Naissance… », dira le critique d’art Abderrahmane Ajbour.