Rapport: un Marocain sur deux dit se considérer comme étant pauvre

Un des quartiers pauvres de Casablanca, la capitale économique du Maroc.

Un des quartiers pauvres de Casablanca, la capitale économique du Maroc. . Dr

Revue de presseKiosque360. C’est une impression subjective, mais elle renseigne sur la situation sociale des Marocains. La moitié d’entre eux se considèrent comme pauvres alors que, en réalité, le taux de pauvreté absolue ne représente plus que 1,2%.

Le 09/06/2021 à 20h06

Un Marocain sur deux serait en situation de pauvreté. La proportion des Marocains qui se considèrent comme pauvres est en fait de 45%, pour être plus précis. L’Observatoire national du développement humain (ONDH), qui a publié ce chiffre dans son dernier rapport sur la «dynamique de la pauvreté» au Maroc, précise bien qu’il s’agit d'une «pauvreté subjective». En d’autres termes, il s’agit du pourcentage des chefs de ménages qui se considèrent en situation de pauvreté. Cette précision ayant été faite, le document, dont une synthèse a été publiée par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 10 juin, relève qu’il s’agit des chiffres recueillis en 2019 et que cet indice varie nettement entre le monde rural et le milieu urbain.

Ainsi, précise le quotidien, en milieu urbain, «seulement» 38,6% des Marocains se considèrent comme pauvres, contre 58,4% en milieu rural. Avant, c’était encore pire, note le quotidien. En effet, les données relevées par l’ONDH durant les dernières enquêtes ont montré que le taux de pauvreté, absolue cette fois, a nettement reculé depuis 2001 pour ne représenter que 1,2% en 2019. Et ce, dans un contexte d’amélioration globale du niveau de vie des Marocains, en particulier en milieu urbain.

Partant de là, souligne Al Ahdath Al Maghribia, le Maroc est appelé à adopter des stratégies de ciblage individuel dans le cadre des programmes de lutte contre la pauvreté pour mieux la cerner afin de bien la combattre. En réalité, poursuit le quotidien, citant des responsables de l’ONDH, la lutte contre la pauvreté dans notre pays implique de la mesurer et d'en analyser les causes pour proposer des politiques adéquates et ciblées. En effet, la pauvreté demeure un phénomène très complexe, rendant nécessaire le recours aux approches dites «longitudinales». Ainsi, il est nécessaire, par exemple, d'analyser les trajectoires individuelles, en l'occurrence l'entrée et la sortie de la pauvreté.

Mais tout n’est pas perdu d’avance. En se fiant aux résultats de l’étude réalisée par l’ONDH, dont les conclusions ont été présentées, le 8 juin, dans le cadre d’un webinaire, il ressort qu'un individu pauvre a plus de chance de sortir de la pauvreté que de le rester (55,7% contre 43,3%) et qu'un individu non pauvre a plus de chance de rester non pauvre (86,3%) que de tomber en pauvreté (13,7%). Plus encore, les risques d'entrée dans la pauvreté sont particulièrement liés à des situations de non-emploi, à la faiblesse du niveau éducatif ou encore à la composition démographique du ménage.

Cela dit, notons-le, il y a pauvreté et pauvreté. Ainsi, le seuil de pauvreté absolue est calculé en majorant celui de la pauvreté alimentaire du coût d’une dotation minimale de biens et services non alimentaires. Le taux de pauvreté absolue est la proportion des individus dont la dépense annuelle moyenne par personne se situe au-dessous de ce seuil. Quant à la pauvreté relative, son seuil est obtenu en majorant celui de la pauvreté alimentaire du coût d’une dotation plus conséquente de biens et services non alimentaires. Ainsi, en 2019, ce seuil est estimé à 14.667, soit 74 dirhams par personne par an.

La pauvreté subjective est, comme précisé plus haut, le pourcentage des chefs de ménages qui se considèrent en situation de pauvreté. La pauvreté chronique, quant à elle, traduit la situation d’un individu tombé au moins trois fois en situation de pauvreté sur les cinq vagues de l’enquête de panel des ménages (EPM) de l’ONDH. Enfin, la pauvreté transitoire traduit la situation d’un individu tombé une ou deux fois en situation de pauvreté sur les cinq vagues de l’EPM.

Par Amyne Asmlal
Le 09/06/2021 à 20h06