Les services algériens ont-ils recruté des "agents" parmi des journalistes accrédités au siège de l'ONU, établi sur la rive est de l'île de Manhattan, au bord de l'East River, à New York? L'un des journalistes, l'Américain Matthew Russell Lee, patron du blog "Innercity", vient de se fendre d'un article où il affirme lui-même avoir été interdit récemment de couvrir une réunion du Conseil de sécurité consacrée au dossier saharien, au motif que "j'étais un agent algérien"! Une accusation que l'intéressé a refutée catégoriquement arguant avoir "critiqué le Polisario aussi", et il en veut comme exemple et pour preuve le fait qu'il ait montré comment le front séparatiste était en perte de vitesse et "perdait des ambassades" à travers le monde entier.
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Vu sous cet angle, le constat du journaliste américain est véridique. On a même envie d'affirmer qu'il défonce une grande porte ouverte. Tout le monde s'accorde à dire que le Polisario est "en perte de vitesse", voire en "état de déliquescence", autant que ses mentors galonnés tapis du côté du luxueux Club des Pins, à Alger, que sont les agents recruteurs du défunt Département du renseignement et de la sécurité (DRS), devenu depuis peu Département des services de sécurité (DSS). Mais ce constat dressé par l'intéressé, à la limite de la lapalissade!, suffit-il pour nous convaincre de l'objectivité dont il excipe?
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Sans vouloir se lancer dans des jugements, l'auteur de ces lignes devrait-il dissimuler qu'il a souvent ressenti de l'amusement à lire les articles jusqu'ici tartinés par notre confrère américain au sujet du dossier saharien, avec comme soubassement les questions 'shocking" qu'il a eu l'habitude de poser, du moins durant l'exercice 2016, aux deux porte-parole de l'ancien SG de l'ONU, Ban Ki-moon, en l'occurence le Français Stéphane Dujarric et le Pakistanais Farhan Haq. Une simple revue des articles de monsieur Rassell Lee, et l'on constate qu'ils ont généralement été à charge contre le Maroc. Passons sur cette "diplomatie des correspondances" envoyées à Ban Ki-moon par l'ancien et nouveau chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz (décédé fin mai 2016) et Brahim Ghali, et qui étaient systématiquent relayées par notre confrère américain, à la faveur de la propagande anti-marocaine menée à grand roulement de tambour par Alger et le front séparatiste. Notre confrère a souvent concentré le tir sur le Maroc concernant son bras de fer avec l'ex-SG de l'ONU, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, dû aux propos scandaleux tenus par ce dernier, à l'occasion de son voyage controversé début mars à Alger et Tindouf, quand il a qualifié le Sahara de "territoire occupé". Il a ensuite remué ciel et terre au sujet de l'expulsion, en guise de représailles contre la partialité de l'ex-SG de l'ONU, de fonctionnaires de la composante civile de la Minurso.
Last but not least, notre confrère avait fait tout un plat du refus de Rabat de recevoir "l'émissaire" de Ban Ki-moon pour le Sahara, ancien ambassadeur américain à Alger, Christopher Ross, qui a aussi brillé par sa partialité dans le conflit qu'il avait mandat d'aider à régler, à la faveur des pourparlers engagés en 2007 à Manhasset, en banlieue new-yorkaise, sur la base de l'offre marocaine d'autonomie....
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Voyez, on pourrait encore allonger la liste des barrages de tirs contre la partie marocaine, mais passons car la question est ailleurs. L'accusation dont notre confrère Matthew a fait l'objet, à tort ou à raison, concerne en premier lieu Alger, réputée être championne inégalable de la "diplomatie du portefeuille". A la faveur de l'embellie pétrolière qui a marqué la première décennie du règne des Bouteflika, des sommes colossales ont été déboursées pour l'achat des soutiens à la "RASD", en Afrique, en Europe, voire outre-Atlantique où le lobby pro-algérien a noyauté jusque les officines de la société civile américaine, pour ne pas parler de certains confrères tirant à la ligne et souvent dans une même direction, celle du Maroc évidemment. Une manie à laquelle le régime d'en face n'est pas près de renoncer, pas plus d'ailleurs qu'à son hostilité résolue et inlassable à un voisin dont le "délit", semble-t-il, est de défendre son intégrité territoriale.