Pourquoi Alger brandit la menace d’une guerre entre le Maroc et le Polisario

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika . DR

Alger pousse le Polisario à menacer de reprendre les armes contre le Maroc. Les sorties des médias et des chefs du Polisario portent à croire que 2017 connaîtra un conflit armé dans la région. Que cache cette ultime manœuvre du régime algérien?

Le 19/01/2017 à 16h03

Il ne passe pas un jour sans que le Polisario menace de reprendre les armes contre le Maroc. A visiter les sites des séparatistes, on n’entend que des bruits de bottes et des tambours de guerre. «2017, sera l’année de la reprise des armes du Polisario contre le Maroc», «Guerguerat est la mèche qui va embraser la région», «Le Polisario très bien préparé pour reprendre la guerre», sont quelques-uns des titres qui font partie de la nouvelle stratégie de communication soufflée par Alger. Et comme le bruit de ces tambours ne s’élève pas bien haut et que les gesticulations martiales du Polisario n’impressionnent personne, Alger recourt à la mystification pour faire sensation.

La dernière tromperie du voisin de l’Est est un prétendu article du quotidien The New York Times intitulé «La prochaine guerre de l’Afrique du Nord». L’auteur de cet article tire la sonnette d'alarme et met en garde contre «l’effondrement de la paix» au Sahara atlantique en promettant l’apocalypse. Quand on cherche à retrouver cet article, on ne le trouve nulle part dans le New York Times. Il s'avère qu'Alger est allé déterrer ce soi-disant article dans les blogs de la publication newyorkaise. Or, ces blogs n’engagent en rien la responsabilité éditoriale de la publication américaine qui d'ailleurs ne répond pas de leur contenu. Mieux: l’auteur de cet «article» mérite notre attention. Il s’agit de Hannah Armstrong, une consultante en Algérie pour International Crisis Group, comme en atteste une page de Al Jazeera. Quand on cherche à mieux connaître le type de missions qu’accomplit cette «journaliste-consultante», on découvre qu’elle passe son temps à tresser des lauriers au régime algérien et au «rôle stabilisateur de l’Algérie dans la région». Les louanges de Hannah Armstrong en direction d’Alger s’enflamment quand il s’agit de Ramtane Lamramra, ministre algérien des Affaires étrangères, dont le département est probablement le payeur des bons services de la «journaliste-consultante» Hannah Armstrong. Pour comprendre comment cette consultante fait de la propagande à la politique du régime de Bouteflika, il suffit de lire son entretien avec le site d’information TSA.

La menace des armes pour couvrir les échecs politiques

La menace de reprise des armes par le Polisario est le signe de la faillite de la diplomatie algérienne, incapable de contrer la politique africaine du Maroc et son retour à l’UA. Pour chercher à intéresser la communauté internationale au Sahara atlantique, Alger veut non pas créer un conflit armé qui serait mortel pour son économie entièrement dépendante des puits de pétrole et de gaz (cibles trop vulnérables), mais à ordonner au Polisario de faire du bruit dans l’espoir de se faire entendre. La menace de reprendre les armes est l’ultime recours pour Alger qui risque de se retrouver isolé sur le continent, avec un boulet du Polisario qu’elle abrite en partie sur son territoire.

On devrait donc s’habituer aux gesticulations guerrières du Polisario qui vont aller croissantes. D’ailleurs, «le ministre de la Défense» du Polisario, Abdellah Lehbib, vient de déclarer à un site portugais que «la guerre est la solution».

Pendant qu’Alger met en place la dernière solution pour émouvoir la communauté internationale, le président Bouteflika s’est réveillé de son interminable hibernation pour accorder une interview à Oxford Business Group. Dans cet entretien, Bouteflika essaie de rassurer les investisseurs sur la santé de l’économie algérienne. Parmi les choses étonnantes qu’on apprend dans cet entretien, c’est que Bouteflika défend «la construction d'une économie de marché». En une phrase, il a enterré le modèle économique social, promu par l’Algérie depuis son indépendance. C’est tout un pays qui est en faillite.

Par Abdeladim Lyoussi
Le 19/01/2017 à 16h03