Vidéo. Effondrements à Casablanca: les témoignages poignants des habitants de Hay Mohammadi

Le360

Le 09/01/2021 à 17h50

Vidéo«Les défunts étaient nos voisins, et nous encourons le même sort.» Les habitants de Derb Moulay Cherif dans le mythique quartier populaire de Hay Mohammadi évoquent, la gorge nouée, le drame du vendredi 8 janvier 2021. Devant Le360, ils rappellent leur calvaire et lancent un appel vibrant.

«Je vis dans cette maison. Elle représente un grand danger pour mes enfants et pour moi. Un bout du toit s’était déjà effondré sur ma tête, m’obligeant à subir plus de 20 points de suture. Aujourd’hui, je loge chez une proche avec les miens de peur de subir le même sort.»

Mère de famille, Hakim, la quarantaine, vit avec ses deux enfants dans une maison menaçant ruine. Elle insiste pour nous montrer les dégâts et l’usure du temps sur sa demeure.

«Après ma blessure, j’ai été voir les autorités, munie d’un certificat médical. Je les ai sollicités, leur demandant un moyen pour fuir cette demeure, mais je n’ai pas eu de réponse», regrette-t-elle. 

Vendredi 8 janvier, une maison habitée de deux étages s’est effondrée vers 7h, à Derb Moulay Cherif, dans le quartier de Hay Mohammadi suite aux précipitations qu’a connues la ville de Casablanca. On dénombrait un mort. Mais ce samedi, selon des sources informées, le bilan a été revu à la hausse: les corps d’un père de famille, de sa femme et de son fils ont été extraits des décombres.

«Nous vivons tous sous la menace de l’effondrement. Un jour ou l’autre nous risquons d’y passer. La maison dans laquelle je vis avec mes parents date des années 1920. Elle est aujourd’hui dans un état déplorable», constate, amer, Mourad, jeune habitant du quartier.

Même son de cloche pour Saadia, une femme d’un âge respectable. Les responsables donnent l’impression de «nous tourner le dos» et «ne pensent à nous qu’en cas de tels malheurs», déplore-t-elle. 

Les larmes aux yeux, Hakima, mère de trois enfants, va plus loin en révélant qu’après le drame de vendredi, certains responsables sont venus leur demander de quitter leur foyer à cause des risques encourus, mais sans pour autant leur offrir d’alternatives.

«Certains de mes voisins sont aujourd’hui dans la rue de peur subir le même sort que les victimes de l’effondrement. Ils sont confrontés à la pluie et au froid. Moi, je préfère rester dans mon foyer, quitte à y laisser de la vie, plutôt que d’être dans la rue», dit-elle.

La plupart des habitants de Derb Moulay Cherif rencontrés par Le360 sont sans ressources stables ou tout simplement au chômage. On y rencontre également que de nombreuses femmes élevant seules leurs enfants. Leur vécu est pour le moins douloureux- et c’est peu dire. Leurs témoignages se passent de tout commentaire.

Par Abderrahim Et-Tahiry
Le 09/01/2021 à 17h50