Quelque jours après le verdict en première instance prononcé contre le directeur d’Akhbar Al Yaoum, Taoufik Bouachrine, accusé de viols et de traite d’êtres humains, les avocats de la défense des victimes donnent de la voix. Il ont organisé, ce mercredi matin à Casablanca, une conférence de presse au cours de laquelle ils ont été unanimes à dénoncer l’entrisme de certains responsables politiques dans cette affaire, et dont les déclarations ont influencé, d’après eux, le cours du procès.
Il s’agit notamment des sorties médiatiques de Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement, de Mohamed Nabil Benabdellah, ancien ministre et actuel secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, de Moulay Ismaïl El Alaoui, ancien patron de cette même formation, et de Mohamed El Khalifa, dirigeant au sein du parti de l’Istiqlal. Par la manifestation de leur soutien à l’accusé et en parlant de relations consenties, ces personnalités ont, d’après la défense des victimes, porté atteinte à l’indépendance de la justice, a déclaré Me Abdelfettah Zehrach.
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Le comité de défense des victimes a également fortement critiqué les sorties de certains militants des droits de l’homme, à leur tête Khadija Riadi, ancienne présidente de l’Association marocaine des droits humains, et membre de la «commission de la vérité» sur l’affaire Bouachrine.
Rappelons qu’après plus de six heures de délibérations et au terme d’un procès qui aura duré près de huit mois avec un total de 74 séances tenues pour la plupart à huis clos, le verdict est tombé tard dans la nuit du vendredi à samedi dernier. Le directeur du quotidien Akhbar Al Yaoum a été condamné à 12 ans de prison ferme, assortis d’une amende de 200.000 dirhams. Bouachrine a également été condamné à verser des dommages et intérêts à un certain nombre de ses victimes et à la publier l’énoncé du verdict dans une publication nationale. Il devra ainsi verser à la partie civile un montant de 500.000 dirhams à Asmaa Hallaoui et 300.000 dirhams pour les trois autres plaignantes: Naïma Lahrouri, Sarah El Mers et Khouloud Jabiri.
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Bouachrine a été poursuivi pour traite d’êtres humains, par l’exploitation d’une situation de vulnérabilité ou de besoin et le recours à l’abus d’autorité, de fonction ou de pouvoir à des fins d’exploitation sexuelle, ou le recours à d’autres formes de contrainte, commis à l’encontre de deux personnes en réunion, attentat à la pudeur avec violence et viol et tentative de viol dont les peines sont prévues dans les articles 448-1, 448-2, 448-3, 485, 486 et 114 du code pénal.
L’accusé a également été jugé pour des délits de harcèlement sexuel, de recrutement d’individus en vue de la prostitution dont une femme enceinte, l’usage de moyens qui permettent de photographier, de filmer ou d'enregistrer ces actes dont les peines sont prévues dans les articles 498,499 et 503-1 du même code, lesquels actes auraient été commis sur huit victimes qui ont été filmées à l’aide de séquences vidéo, d’environ 50 films enregistrés sur CD et support numérique.