Vidéo. Casablanca: «il était une fois» l'avenue Mohammed V

Le360

Mais que s’est-il passé à Mohammed V? Longtemps considéré comme un fleuron de Casablanca, voire du Maroc, l'avenue Mohammed V est désormais un théâtre à ciel ouvert d’agressions, de misère et de débauche. Quelques éléments de réponse, en images, avec Le360.

Le 11/08/2019 à 14h24

«Il était une fois», comme l’a si bien dit Saïd, vendeur de jouets de père en fils depuis plus de 50 ans, au marché central de Casablanca, ou encore «c’était mieux avant»: ce sont là deux expressions qui résument parfaitement la situation actuelle de l’avenue Mohamed V.

L’ex-boulevard menant à la gare, devenue avenue Mohammed V à l’indépendance, a longtemps été considéré comme «the place to be» pour l’ensemble des Casablancais, voire des Marocains de passage dans la ville blanche. 

«Pour aller prendre un café ou se promener sur le boulevard Mohamed V, il fallait se mettre sur son 31, on avait honte de descendre sur le boulevard sans s’être apprêté», raconte, nostalgique, un commerçant du passage Sumica, et par ailleurs ex-habitant de cette artère aujourd'hui mal famée.

En effet, les gens venaient de tout le royaume pour flâner le long de cette avenue commerçante, y faire leur shopping dans des enseignes très courues, ou tout simplement pour y prendre un café.

Autant d’activités qui, aujourd’hui, appartiennent au passé.

Deux évènements ont fait basculer le destin de cette avenue, selon les commerçants et les riverains de Mohammed V.

En premier lieu, l’effondrement du bâtiment qui abritait l’hôtel Lincoln, en face du Marché Central.

Cette ruine est devenue le repaire de clochards et de drogués, ce qui a ensuite donné une réputation de quartier mal famé aux abords de l'avenue, où les agressions sont monnaie courante.

Deuxième évènement néfaste: l'installation du tramway! Alors qu'au contraire, on aurait pu croire que la transformation d’une bonne partie de l'avenue Mohammed V en avenue piétonne aurait relancé les commerces, c’est tout le contraire qui s'est produit.

«L’arrivée du tramway a fermé la circulation aux voitures et notre clientèle avait l’habitude de venir se garer devant le marché pour faire leurs courses en famille. Aujourd’hui c’est impossible de se garer, et si le client ne trouve pas une place dans les rues aux abords du marché, il ne peut pas se garer à deux kilomètres et venir à pied», regrette Said, vendeur de jouet de père en fils depuis plus de 50 ans au marché central, et témoin de l’évolution et de l’histoire de l'avenue.

Alors certes, les façades des immeubles du boulevard ont été repeintes.

Des travaux sont en cours dans le passage Sumica et, récemment, un appel d’offres a été lancé par la société Casa Aménagement pour une étude sur la transformation du Marché Central en marché gastronomique international, mais la route est encore longue pour que l'avenue Mohammed V retrouve ses lettres de noblesses.

L'avenir de cette artère se résume donc au mot "espoir": l’espoir de ses commerçants, mais aussi de ses riverains de retrouver l’avenue qu’ils ont autrefois connue.

Par Mehdi Heurteloup
Le 11/08/2019 à 14h24