Asma Lamrabet s’exprime enfin sur sa démission de la Rabita Al Mohamadya des Oulémas du Maroc. Dans un communiqué diffusé ce lundi 26 mars, l’essayiste et féministe engagée a expliqué pour quelle raison elle n’a pas commenté sa démission annoncée sur sa page officielle Facebook. «Je n’ai pas souhaité m’exprimer, depuis l’étranger, où je participais à un séminaire académique, sur les raisons ayant conduit à ma démission, et ce pour éviter toute instrumentalisation malveillante qui viendrait travestir mon patriotisme, mes valeurs et mes profondes convictions», a-t-elle déclaré.
Dans son communiqué dont le360 détient copie, Asma Lamrabet confirme avoir été poussée vers la porte pour ses idées réformistes. «A l’occasion d’une conférence universitaire sur l’ouvrage collectif sur l’héritage, mes propos exprimés à titre strictement personnel et rapportés par un organe de presse ont suscité un tollé une grande polémique lors de la 20e session du Conseil académique de la Rabita. Devant une telle pression, j’ai été contrainte à présenter ma démission en raison des divergences portant sur l’approche de l’égalité femmes hommes au sein du référentiel religieux ».
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Celle qui a défendu l’égalité dans l’héritage précise que son travail au Centre d’études féminines au sein était bénévole. «A ceux qui voudraient m’accabler, je dirais que mon action, à titre bénévole au sein de la Rabita, pendant près de dix ans, n’avait d’autre ambition que de servir mon pays et de promouvoir cette troisième voie, celui d’un islam apaisé, contextualisé et en phase avec les valeurs humanistes universelles compatibles avec nos valeurs culturelles».
Asma Lamrabet dit avoir toujours prôné une lecture progressiste, réformiste et dépolitisée pour opérer une nouvelle approche de la question des femmes dans l’Islam. «C’est l’action que j’ai toujours menée à travers la déconstruction des lectures rigoristes et patriarcales, notamment à travers mes différents ouvrages et au sein du Centre d’études féminines, qui est devenu un espace de référence dans la réforme du champ religieux initié par la plus haute autorité politique du pays».
Enfin, Asma Lamrabet dit assumer ses positions tout en rappelant que son inspiration, elle l’a puisé dans l’Islam. «Je me sens fière et forte de ses enseignements et des portes qu’il m’a ouvertes sur la réalité, l’altérité et la pluralité culturelle, ce qui a permis à notre pays de faire de sa richesse, de sa diversité et de sa spiritualité, un atout reconnu, respecté et souvent envié».
L’essayiste et biologiste de formation rappelle que cet engagement qu’elle a prôné n’est pas seulement le sien. «Il est nourri et porté par la majorité des composantes de notre Nation. Il est celui du consensus national, du compromis, de l’Islam du juste milieu, celui qui a permis à notre pays d’évoluer sereinement et lucidement vers la modernité».
Asma Lamrabet termine son communiqué en rassurant ceux qui l’ont toujours soutenue. «Je poursuivrai sereinement et librement mon engagement».