Menaces sur la Daya de Dar Bouazza: ce qu’il en est vraiment

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Des habitants et des militants associatifs ont récemment alerté le public sur des dépassements menaçant la faune et la flore de la Daya de Dar Bouazza, qui serait volontairement asséchée et saccagée. Voici la réaction rassurante des autorités.

Le 24/11/2018 à 12h28

Véritable écrin écologique situé dans la région de Casablanca, l’état dans lequel se trouve la Daya de Dar Bouazza ne devrait pas inspirer de craintes aux ardents militants écologistes et à ceux qui ont pour habitude de fréquenter ce lieu.

Depuis quelques semaines, des habitants et des militants associatifs alertent l’opinion publique sur des atteintes à la loi, qui auraient menacé cette zone humide de 18 hectares, située à l’entrée de Dar Bouazza, entre l’océan et la route côtière d’Azemmour, et alimentée par deux sources d’eau douce. 

Ce lieu est la dernière zone humide littorale naturelle dans la région, et abrite une flore et une faune très diversifiées: 180 espèces d’oiseaux s'y ébattent, soit la moitié des espèces présentes au Maroc, dont certaines sont rares et menacées, mais on y trouve aussi la moitié des espèces d’amphibiens du Maroc. Il s'agit de près de 300 espèces d’insectes et de plus de 120 plantes.

La zone est très prisée des scientifiques, des naturalistes ou des photographes animaliers qui viennent parfois de loin pour le visiter. La Daya de Dar Bouazza est aussi un lieu d’agrément, de promenade et de loisir pour tous.

Mais un propriétaire privé aurait tenté de s'approprier le terrain de la zone centrale de la Daya de Dar Bouazza, déposant un dossier de réquisition de ces 18 hectares et, entre-temps, asséchant et saccageant la zone.

Contactées par Le360, des sources autorisées nous affirment qu’il n’en est cependant rien.

Que l’on se rassure. Si une demande de réquisition a bien été formulée, la Conservation foncière n’a rien enregistré et le département de tutelle, à savoir le ministère de l’Equipement, du transport, de la logistique et de l’eau, a opposé une fin de non-recevoir à ce dossier.

«Tout a commencé en mars 2018, quand nous avons été saisis par le Cadastre et la conservation foncière, le propriétaire ayant voulu immatriculer ce terrain. Nous nous y sommes opposés, cette zone étant un milieu aquatique naturel protégé», nous affirme une source au sein de ce département.

Selon l’article 5-a de la loi 36-15, la zone appartient en effet au domaine public et donc à l’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia.

Saisie par le propriétaire, la justice s’est prononcée en faveur de l’Etat en première instance, mais procédure d’appel, en revanche, s’est conclue à l’avantage de l’acteur privé.

Un accord a cependant été trouvé entre les deux parties. Celui-ci stipule que la zone humide restera intacte, l’Etat se portant garant de sa préservation, mais que le propriétaire pourra disposer d’une partie ne relevant aucunement du milieu naturel. Mieux encore, la partie actuellement bouchée du lac, et devant servir à assécher une partie de la zone, a été ouverte.

«La loi est très claire: toute utilisation d’un milieu naturel doit bénéficier d’une dérogation qui, elle, obéit à une procédure spéciale et reste conditionnée par l’accord de plusieurs intervenants», nous explique notre source.

Et là encore, c’est le principe d’occupation temporaire qui prime. Celle-ci permet à un privé de disposer d’une partie d’un milieu naturel, mais sans jamais en altérer la vocation et l’équilibre. Surtout, ce dernier ne peut procéder à des aménagements en dur ou y construire de bâtiments. D’autant plus que cette permission est accordée moyennant présentation d’un dossier, d’un cahier des charges précis et d’une redevance annuelle.

A la Daya de Dar Bouazza, sur la partie sud ne relevant pas de la zone humide, quelques autorisations ont ainsi été accordées à un opérateur privé qui y a aménagé un lac, à la Lydec pour y installer une station de pompage, et à deux clubs sportifs. La partie nord, quant à elle, est parfaitement intacte.

Les Casablancais et les défenseurs de l’environnement peuvent donc être rassurés: la Daya de Dar Bouazza sera préservée ainsi que ses riches faune et flore.

Par Tarik Qattab
Le 24/11/2018 à 12h28

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Ça commence toujours comme ça, le temporaire qui dure, comme sur les plages, avant c,étaient des batisses en bois, au temps de nos parents, puis comme par magie ces barraquements sont devenus des villas somptueuses que plus personnes ne peut contester leur emplacement sur le domaine maritime. Ce phénomène est très apparent sur toute la côte Atlantique et très accentué sur les plages de RABAT, Parfois on trouve du mal à rejoindre la plage; tellement les villas ont obstrue les passages qui déjà étaient très étroites au temps des barraquements.

C’est un endroit très prisé par les casablancais qui n’ont pas d’autres alternatives pour faire des sorties et s’échapper les week-ends aux nuisances et pollutions de la ville. Personnellement, je visite chaque dimanche cette zone en faisant de la marche de chez moi et en parcourant une distance d’environ 12 km aller et retour. C’est vraiment regrettable de se retrouver avec un lac vide alors que d’habitude en cette période, il était complètement rempli d’eau avec des espèces d’oiseaux très variés. La société civile doit se mobiliser pour préserver les sites écologiques et naturels.

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