Ressuscité en 2018, dans le cadre du programme de réhabilitation de la Médina de Fès, le Maristane de Sidi Frej est un haut lieu d’histoire et de mémoire. Le site, fondé par le Sultan mérinide Abu Ya’qub Yusuf au XIIIe siècle, est une preuve du développement de la psychiatrie au Maroc à cette époque. Durant des siècles, il a fonctionné comme un hôpital et un hospice pour les indigents et les malades mentaux, rapporte l’hebdomadaire La Vie Eco dans sa dernière livraison.
Situé entre la rue Tala’a El-Kebira et la Zawiya de Moulay Idriss II, le site s’ouvre sur son côté ouest, sur une petite place publique, qui était historiquement désignée comme le Souk El-Henna (le marché du henné). Il était composé d’un rez-de-chaussée avec un étage où étaient hospitalisés séparément les hommes et les femmes.
Une cour intérieure servant de lieu de promenade aux pensionnaires y a été conçue dans la pure tradition architecturale andalouse de l’époque. Son financement était assuré par des dotations des habous sous forme de waqf et son architecture aurait «servi de modèle à la construction du premier hôpital psychiatrique du monde occidental, à Valence en Espagne en 1410», précise l’hebdomadaire.
Au fil du temps, l’asile psychiatrique, connu sous l’appellation de Maristane de Sidi Frej, est devenu célèbre au Maroc et à l’étranger à tel point que le nom de «Sidi Frej» était employé dans le langage courant chez les habitants de la capitale spirituelle «comme synonyme de l’aliéné, de sot et de simple d’esprit».Et pourtant le nom de «Sidi Frej» véhicule également une histoire. D’après plusieurs écrits historiques, rappelle l’hebdomadaire, «la direction de l’établissement a toujours été confiée aux médecins les plus réputés. C’est ainsi que vers la fin du 15e siècle, «le maristane a été confié à un médecin nommé Faraj El Khazraji, d’où la dénomination possible de maristane sidi Frej». Si certains attribuent sa dénomination au médecin Sidi Frej, poursuit l’hebdomadaire, d’autres l’attribuent au lieu du maristane qui se situe à Bab Al Faraj (porte du soulagement ou de délivrance).«Cette maison a été bâtie par un Sultan pour y réunir les musulmans malades et n’ayant pas de ressources, et on lui a donné le nom Bab el Faraj parce que «les malades y trouvent un soulagement à leurs maux...», indique l’hebdomadaire, citant l’ouvrage «Psychanalyse en terre d’islam» de Jalil Bennani, paru en 2000. Quoi qu’il en soit, le site véhicule toute une histoire. Selon plusieurs chercheurs, Leon l’Africain a travaillé comme secrétaire administratif (‘adl) du maristane pendant deux ans à la fin du XVe siècle.
Aujourd’hui, les travaux de sa réhabilitation sont en cours et le chantier est supervisé par l’Agence pour le développement et la réhabilitation de la ville de Fès (ADER). La réhabilitation du maristane (1 000 m2) devait permettre, entre autres, «la création d’une unité de soins comprenant des salles d’auscultation, ainsi qu’un musée de médecine traditionnelle, un carrefour de vente de plantes médicinales, une bibliothèque et une salle de conférences».