Violentés et chassés en Algérie, les migrants subsahariens sont intégrés au Maroc

mohamed Elkho-Le360

Au moment où les autorités algériennes se livrent à une traque à grande échelle à "l'homme noir", sans distinction d'âge ni respect de la dignité humaine, le Maroc annonce la deuxième phase de régularisation des migrants subsahariens, à la faveur d'une politique d'intégration exemplaire. Eclairage.

Le 12/12/2016 à 21h06

L'enracinement africain du Maroc n'est pas un voeu pieux mais une belle réalité. La preuve, si besoin est, est cette inscription volontariste et effective du royaume dans l'intégration des migrants en général, et des Subsahariens en particulier. Le lancement, ce lundi 12 décembre, sur hautes instructions du roi Mohammed VI, de la deuxième phase de régularisation des migrants subsahariens est une nouvelle preuve, une de plus, de cet ancrage africain du royaume qui, comme l'a souligné le roi Mohammed VI, dans son discours du 20 Août dernier, à l’occasion de la Fête de la Révolution du Roi et du Peuple, "compte parmi les premiers pays du Sud à avoir adopté une politique solidaire authentique pour accueillir les migrants subsahariens, selon une approche humaine intégrée, qui protège leurs droits et préserve leur dignité".

A toutes fins utiles, il faut préciser que le lancement de cette deuxième phase de régularisation des migrants en situation irrégulière était déjà prévu pour fin 2016. En 2014, pas moins de 25.000 sans-papiers avaient en effet été régularisés, à la faveur d'une politique migratoire qui s'inscrit sur le mode de la rupture avec les méthodes ostracisantes suivies par certains pays, lointains ou proches. "Notre pays, sans condescendance, ni arrogance, ni dénigrement ni discrimination, a procédé à la régularisation des migrants, conformément à des critères raisonnables et équitables, en créant pour eux les conditions appropriées pour s'établir, travailler et vivre dignement au sien de la société", avait en effet souligné le souverain, lors du discours du 20 Août dernier.

A juste titre quand on connaît l'accueil réservé par les Marocains à leurs hôtes. Les qualités d'hospitalité, de bienveillance et de cordialité sont chevillées corps et âme aux Marocains, sans distinction de couleur, de religion ou de culture.

Est-ce un hasard si les Africains, où qu'ils soient, témoignent d'une estime particulière au royaume et au roi Mohammed VI?. "Au cours de sa tournée dans des pays d'Afrique subsaharienne, plusieurs chefs d'Etats ont tenu à féliciter le roi Mohammed VI et le royaume du Maroc pour sa politique migratoire, qui vise l'intégration économique et sociale de personnes en situation irrégulière issues principalement des pays d'Afrique subsaharienne", fait constater le ministère de l'Intérieur, dans son communiqué de ce lundi.

"Nous ne faisons que remplir le devoir qui nous incombe vis-à-vis de cette catégorie, étant donné qu'il s'agit de personnes que la précarité a poussées à risquer leurs vies et à quitter leurs familles et leur pays", avait dit le souverain.

Algérie, terre d'écueil!

A l'opposé du Maroc, pays de grande tradition d'accueil et modèle d'intégration à l'échelle africaine, l'Algérie, hélas, a emprunté la voie du rejet, de la xénophobie et de l'ostracisme. Depuis le début du mois de décembre, les autorités algériennes ont interpellé 1.400 migrants originaires d'Afrique de l'Ouest et les avaient rassemblés dans des camps de fortune de la banlieue ouest, en proie au froid et à la faim, avant de les conduire à Tamanraset, au sud algérien, en prévision de leur expulsion vers leurs pays d'origine. C'est la plus grande "chasse à l'homme noir" jamais opérée par Alger depuis les années 60, à l'encontre de cette catégorie accusée, sans autre forme de procès, d'être "à l'origine de tous les maux de l'Algérie"!

Violentés, malmenés, battus, ces migrants, dont le "délit", semble-t-il, est d'être d'une autre couleur de peau, n'étaient pas à bout de leur peine. En guise d'explications à ce déferlement de xénophobie, pour ne pas dire de haine, c'est la justification de cette "chasse à l'homme noir" par des "arguments" dégoulinant de mépris, voire d'un racisme primaire. Tenez-vous bien! C'est le conseiller du président Abdelaziz Bouteflika, nommé par ce dernier "président de la Commission nationale consultative pour la protection des droits de l'Homme", pas plus tard qu'en juin dernier, le dénommé Ksentini, qui a eu les mots les plus durs à l'égard de ces migrants. "Les Algériens sont exposés au risque de la propagation du Sida, ainsi que d’autres maladies sexuellement transmissibles à cause de la présence de ces migrants», a dit, sans honte, cet ancien avocat.

Voilà un florilège de propos scandaleux relevés dans la bouche d’un avocat élu pour sa "sensibilité aux drames humains", mais que les hautes sphères du pouvoir en Algérie n'ont pas cru nécessaire de condamner. Ne serait-ce que pour s'en démarquer! Un dérapage que n'aurait pas osé un parti d'extrême-droite, à l'instar du Front national, de Marine Le Pen, ou du parti néerlandais pour la liberté du raciste Geert Wilders!

Ce dérapage a toutefois le mérite de montrer, à la face des Africains, le vrai visage d'un régime algérien délibérément "africanophobe"! Et ce ne sont surtout pas les faux slogans arborés par son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors des messes de l'Union africaine, qui vont maquiller cette triste vérité. Le racisme d'Alger envers les Subsahariens est une réalité réelle. Et c'est tout à son déshonneur!Quand on méprise l'individu subsaharien et qu'on le taxe de diffuser le sida et d' autres maladies (MST), quand le régime algérien expulse des Africains dans des conditions innommables, il ne sert à rien de jouer la carte de l'union africaine dans les discours officiels. Personne n'est dupe. Et encore moins les Africains!

Par Ziad Alami
Le 12/12/2016 à 21h06