Le 5 décembre 2015, aussitôt après la baisse du rideau sur le Forum africain d'investissements organisé à Alger, un conseiller du président Abdelaziz Bouteflika, Farouk Ksentini, se fendait d'une déclaration à tout le moins scandaleuse. "Nous sommes exposés au risque de la propagation du Sida; ainsi que d’autres maladies sexuellement transmissibles à cause de la présence de ces migrants subsahariens", a asséné cet ancien avaocat qui, plus est, président du "Conseil consultatif de protection des droits de l'Homme", instance constitutionnelle créée par le chef d'Etat algérien en juin 2016.
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Relevée dans la bouche du conseiller du chef d'Etat algérien, doublé d'avocat et de président d'une instance censée défendre les droits de l'Homme, cette déclaration aurait dû nécessiter au moins un rappel à l'ordre.
Or, rien! A part ce silence officiel sur un racisme devenu pourtant dangereusement banalisé, quasi-institutionnalisé, envers des frères subsahariens dont le "délit", paraît-il, est d'être d'une autre couleur de peau, pas celle en tout cas du légendaire "homme blanc" qui, lors de la tristement célèbre époque de la négrophobie, excipait d'une supériorité raciale sur "l'homme noir". Bien malin celui qui nous ferait croire que cette sinistre époque est révolue, du moins quand on médite sur cette humiliation systématique que nos frères africains subissent, dans leur âme et leur chair, chaque jour que le Bon Dieu fait, dans le pays du "un million de martyrs"!
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Il serait même naïf de miser sur une autre position que cette caution officielle donnée par le pouvoir algérien à cette déclaration infamante, indigne du XXIème siècle, et qui sous-tend un mépris systématique envers "l'homme noir". Aucune mesure n'a donc été prise à l'encontre de l'auteur de ce dérapage, pas même un recadrage, par ce pays qui se veut africain, qui n'a eu de cesse de revendiquer haut et fort cette identité et cette appartenance africianes, de ressasser un discours tiers-mondiste et son engagement en faveur de l'Afrique et des Africains.
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Cette profession de foi "africaine" est démentie par ces rafles policières quotidiennes opérées contre les réfugiés subsahariens et qui ont pris des propotions très alarmantes en ce début de mois de décembre. "Depuis le 1er décembre 2016, les autorités algériennes ont rassemblé plus de 1.400 migrants subsahariens et expulsé au moins plusieurs centaines d’entre eux vers le Niger, a dénoncé, hier vendredi 9 décembre, l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW). «Cette expulsion sommaire en masse de migrants, dont des femmes et des enfants, et qui pourraient avoir fui la persécution ou avoir travaillé des années en Algérie, constituerait une violation de leurs droits», a en effet averti Sarah Leah Whitson, directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
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Cet avertissement a trop peu de chances d'être audible à Alger, pourtant signataire de la Convention de 1951 sur le Statut des réfugiés et de son Protocole de 1967.
Un droit qu'Alger refuse de reconnaître, même au "peuple sahraoui", qu'elle retient en otage quarante ans durant au nom de cette grossière supercherie nommée "droit du peuple sahraoui à l'autodétermination"! Une hypocrisie que démasquent les conditions inhumaines dans lesquelles cette population continue d'être assiégée depuis la proclamation de cette pseudo-"RASD", en 1976! Des conditions dignes de l'époque du Néandertal et qui édifie à bien des égards sur les pratiques de ce régime rompu à la manipulation, à la désinformation, à l'intox et au mépris de la dignité humaine, y compris celle de son peuple déshérité malgré la manne pétrolière dont une bonne partie était consacrée à l'achat de consciences africaines !