L'affaire a fait le tour de la Toile, créé plus d'une polémique et posé une question désormais fondamentale au Maroc. Celle de la cohérence entre les paroles, les gestes et les attitudes des idéologues du Parti justice et développement (PJD, à la tête de la coaliton au gouvernement). Amina Maelainine, députée du PJD, des plus respectables au demeurant, a défrayé la chronique avec des photos prises d'elle à Paris, sans son voile. Un premier cliché devant le fameux, et fumeux, Moulin Rouge. Un autre devant une statuette de la Vierge.
Pour les Marocains qui ont cette chance de voyager, poser ainsi est on ne peut plus banal. Sauf qu'il s'agit là d'une députée islamiste, qui n'a eu de cesse, au Maroc, de dénoncer, alto, très alto, les "écarts" de tel ou tel concert de musique ou encore l'aspet "libertin" et "dépravé" des revendications des minorités sexuelles au Maroc.
Lire aussi : Vidéo. Abdelilah Benkirane refuse qu’Amina Maelainine soit sanctionnée et ...Veut faire son come-back
Si, certes, seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, le contraste (et c'est peu dire) entre les paroles et les actes de cette députée est tout de même stupéfiant. Il n'empêche, tout le PJD s'est ligué autour de "sa" députée, une "soeur". Dans un premier temps, pour crier au mensonge et dénoncer un montage censé la discréditer. Puis, dans un second temps, pour la "couvrir" au nom des libertés individuelles et du... libre-arbitre.
Mais c'était sans compter les voix stridentes de la "base", mais aussi celles de nombreux ténors du parti. L'un d'entre eux, Mustapha Ramid, par ailleurs ministre d'Etat en charge des Droits de l'homme, n'y a d'ailleurs pas été de main morte.
"Amina Maelainine s'est présentée [à nous, Ndlr] et aux électeurs avec un habit bien distinct. Et c'est ainsi qu'elle a gagné leur confiance. Cet habit [le hijab, Ndlr], c'était sa marque, son adresse et son cachet, [désormais] apposé aux valeurs qu'elle porte", nous explique-t-il, dans le cadre d'un entretien Grand Format à suivre dès dimanche prochain et dont nous publions un extrait, dès ce vendredi.
"Si les rumeurs véhiculées s'avèrent vraies, je dis tout de suite qu'elle [Amina Maelainine] n'a nullement le droit d'avoir deux visages. Nul d'entre nous ne peut se permettre un tel écart. Ici comme ailleurs, au Maroc comme ailleurs, nous devons rester les mêmes", a-t-il lancé, d'un ton ferme.
Ramid a conclu ses propos en annonçant que le parti planchait sur une décision, qui sera incessamment communiquée, sur l'attitude de la députée. "Et décision il y aura", a-t-il tranché, plus orthodoxe que jamais.