Vers la nomination d'un gouverneur à la tête de l'aéroport Mohammed V

L'aéroport Mohammed V de Casablanca.

L'aéroport Mohammed V de Casablanca. . DR

Compte tenu de l'état chaotique qui caractérise actuellement l'aéroport international Mohammed V de Casablanca, l'option de la nomination d'un gouverneur à la tête de cet aéroport fait son chemin, a appris Le360 de sources concordantes.

Le 03/09/2019 à 17h21

«Chaotique», «infernal», «bordélique», «garage Allal était mieux organisé!»… Les qualificatifs les plus péjoratifs qui soient affluent en ordre de bataille dès que le nom de l’aéroport Mohammed V est prononcé. Prendre un avion depuis cet aéroport est désormais une épreuve pénible et traumatisante pour nombre de voyageurs, et ses responsables, l’Office national des Aéroports (ONDA) en tête, se trouvent dans l’œil du cyclone.

Mercredi 28 août dernier, une réunion de crise, élargie à presque tous les départements et services liés à l'aéroport Mohammed V s'est tenue sous la présidence de Mohamed Sajid, ministre du Tourisme et du Transport aérien, en présence notamment des patrons de l'ONDA et de Royal Air Maroc (RAM), Zouhair Mohamed El Aoufir et Hamid Addou, et en la présence d'un haut responsable du ministère l'Intérieur, Khalid Zerouali, directeur de la surveillance des frontières, a appris Le360.

De sources informées, le débat a été axé sur les difficultés permanentes que rencontrent les voyageurs, et les dysfonctionnements qui affectent les services d'accueil et de sortie des milliers de passagers qui voyagent à travers les aéroports de Casablanca et de Marrakech.

Et c'est précisément après cette réunion de mercredi dernier qu’a germé une idée: proposer la nomination d'un gouverneur à la tête de l'aéroport international Mohammed V de Casablanca. Interrogée par Le360, une source gouvernementale précise qu'une telle option relève des attributions du ministre de l'Intérieur, mais que cette décision appartient, de fait, «à la plus haute autorité du pays», ou, en plus clair, au chef de l’Etat.

Le gouvernement se dit toutefois «conscient des graves difficultés qui entravent la marche de l'aéroport de Casablanca. C'est pour cette raison que nous accueillons favorablement toute proposition qui pourrait conduire à mettre fin à cette crise aiguë», souligne cette source. Celle-ci signale en outre que le Maroc a réalisé, entre 2018 et 2019, un pic de quelques 22,5 millions de voyageurs qui ont tout particulièrement transité par ce hub qu’est l’aéroport Mohammed V de Casablanca. «Le trafic aérien connaît une importante dynamique et une forte croissance grâce aux touristes et aux MRE», explique cette source.

Ce langage mesuré cache toutefois très mal l’urgence de mettre un terme aux dysfonctionnements et aux improvisations qui caractérisent la gestion du plus grand aéroport du pays. Quand on sait qu’un aéroport est la première image que donne un pays à ses hôtes de passage, reconnaître que l’aéroport de Casablanca donne une image désastreuse du Maroc n’est pas déformer les faits.

Les exemples fâcheux fourmillent, comme ce ballet incessant que doivent effectuer des voyageurs souvent éreintés, entre le terminal 1 et le terminal 2. Ceux-ci doivent en effet effectuer leur procédure d’enregistrement au terminal 2, et, ensuite, se rendre à des centaines de mètres de là, afin d’embarquer à bord de leur vol, au terminal 1. Les voyageurs laissent la voiture dans le parking du terminal 1 comme indiqué dans leur billet, et doivent ensuite sortir par le terminal 2 -ce qui implique une longue marche avec les bagages! De plus, la carte d’embarquement indique parfois un numéro de porte, alors que celle de l’écran en affiche une autre. Si les voyageurs cherchent à obtenir une information, ils ne trouvent personne pour leur répondre.

Ce n’est pas tout: on voit souvent des hôtesses demander aux voyageurs s’ils voyagent pour telle ou telle destination et les attrouper, tout en leur demandant de les suivre. Sans parler, à l’arrivée, de l’attente interminable des bagages. Et ce n’est là qu’un petit aperçu des dysfonctionnements du premier aéroport du Maroc, qui ambitionne pourtant de devenir un hub continental. Beaucoup d’efforts restent à faire, et manifestement l’ONDA semble dépassée et incapable de rectifier le tir. D’où l’espoir que suscite cette commission, appelée à prendre des mesures d’urgence pour sauver l’aéroport de Casablanca.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 03/09/2019 à 17h21