Tindouf: quand des civils sans défense demandent la protection de l'ONU

Des civils sahraouis en sit-in dans le teamsite de la Minurso, à Mijek, encerclé par des éléments armés du Polisario.

Des civils sahraouis en sit-in dans le teamsite de la Minurso, à Mijek, encerclé par des éléments armés du Polisario. . DR

Les Sahraouis qui se sont retranchés dans un site de la Minurso à Mijek, avant d'être encerclés par des éléments du Polisario, ont sollicité l'intervention de l'ONU pour assurer leur protection et celle de la population retenue contre son gré dans les camps de Lahmada-Tindouf. Décryptage.

Le 19/10/2018 à 12h20

Le sit-in observé par des civils sahraouis sans défense dans un site de la Minurso, à Mijek, ne doit laisser personne indifférent. Si le motif direct en est la protestation contre la précarité de leurs conditions, après avoir été interdits par les matons de Tindouf de poursuivre la recherche des pépites d'or dans le désert, l'appel lancé par leurs soins à l'ONU pour assurer leur protection et celle généralement de la population séquestrée ne doit laisser personne indifférent. Il serait simpliste de réduire leur cri de détresse à sa proportion stricto sensu "alimentaire", le communiqué rendu public par les protestataires renferme bien des messages révélateurs de l'insoutenable situation à laquelle est confrontée au quotidien une population qui, au-delà de la misère à laquelle elle est abandonnée, souffre de la répression systématique de la part des geôliers polisariens et de l'absence d'alernative à un "statu quo" mortel dont le seul bénéficiaire est l'oligarchie militaire algérienne et leur pendant séparatiste qui ne peuvent continuer indéfiniment de faire commerce avec la détresse des sahraouis.

La panique suscitée par ce sit-in chez le Polisario est telle que ce dernier n'a rien trouvé de mieux à faire que de dépêcher ses nervis armés jusqu'aux dents pour encercler le site de la Minurso où les insurgés étaient partis chercher refuge et demander protection à l'ONU, en tant que parrain du processus politique engagé en 2007 pour trouver une issue politique à un différend régional savamment orchestré et entretenu par le régime algérien dans la tentative de nuire au Maroc, au mépris du principe de bon voisinage, à rebours de ce "Maghreb des peuples" appelé des voeux communs, et au risque de la stabilité de la région.

Le règlement du conflit saharien passe nécessairement par la prise de conscience de la responsabilité d'Alger dans ce conflit, hérité de la défunte époque de la Guerre froide. La réussite de la mission de l'émissaire du SG de l'ONU, Horst Köhler, passe par ce nécessaire travail de clarification. «L’Algérie a une responsabilité flagrante (dans le conflit, ndlr). C’est l’Algérie qui finance, c’est l’Algérie qui abrite, c’est l’Algérie qui arme, c’est l’Algérie qui soutient et qui apporte son soutien diplomatique au Polisario», précisait à juste titre le Roi Mohammed VI, dans un message adressé en avril dernier au SG de l'ONU, Antonio Guterres. 

Une responsabilité à laquelle ne peut plus se soustraire le régime algérien, qui est comptable de la pire prise d'otages qu'ait jamais subie une population, affamée et humiliée au vu et au su de tout le monde. Le cri de détresse poussé par les insurgés de Mijek déplore d'ailleurs "l'absence d'alternative" à cette mort à petit à feu" à laquelle est condamnée sans autre forme de procès une population martyrisée au nom de "l'autodétermination", slogan que les preneurs d'otages doivent d'abord appliquer à Tindouf en permettant à ses habitants de choisir entre l'humilitation ou le retour à la mère patrie.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 19/10/2018 à 12h20