Tindouf. Enlèvement de trois opposants au polisario: la main (cachée) des services algériens

Affiche dénonçant les disparitions à Tindouf

Affiche dénonçant les disparitions à Tindouf . DR

Un mois après le mystérieux enlèvement à Tindouf des trois opposants à la direction du polisario, Moulay Abba Bouzid, El Fadel Breika et Mahmoud Zaidane, les familles de ces derniers se rendent à l’amère évidence de l’implication avérée des services algériens. Révélations.

Le 20/07/2019 à 09h29

On en sait un peu plus sur les tenants et aboutissants de l’affaire d'enlèvement des trois opposants à la direction du polisario, Moulay Abba Bouzid, El Fadel Breika et Mahmoud Zaidane. Des membres des familles de ces trois victimes, enlevés aux camps de Tindouf, respectivement, les 17, 18 et 19 juin 2019, se sont vu confier par des dirigeants séparatistes, dont le SG du front polisario Brahim Ghali, qu’"ils ne pouvaient pas intervenir dans cette affaire, au motif qu’elle relève des services de sécurité algériens".

Selon des informations exclusives recueillies par le360, lesdits dirigeants séparatistes ont indiqué aux familles des victimes que ces dernières «ont été interpellées sur instructions des sécuritaires algériens, qui se sont chargés d’exploiter leurs téléphones portables avant d’orienter leurs interrogatoires par des éléments du polisario, ayant veillé au bandage des yeux des trois détenus pour éviter qu’ils n’identifient les enquêteurs».

Aux dernières nouvelles, le360 apprend que l’un des trois opposants, en l’occurrence le jeune blogueur Mahmoud Zaidane, connu pour ces critiques acerbes via sa page Facebook envers la mafia de Rabouni, notamment sur le registre de la corruption des cadres séparatistes, «est en grève de la faim depuis le 18 juillet 2019».

Moulay Abba Bouzeid, membre du mouvement dissident «Initiative sahraouie pour le changement», créé en 2017 par d’anciens hauts responsables du front polisario, avait été arrêté lundi 17 juin, à l’issue d’un sit-in observé devant les locaux du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), à Rabouni, pour réclamer la liberté d’expression et de mouvement.

Boua Da Mohammed Fadel Breïka, 51 ans, titulaire de la nationalité espagnole, est également membre du mouvement dissident «Initiative sahraouie pour le changement». Il a été arrêté le mardi 18 juin, alors que la direction du polisario célébrait la soi-disant «Journée du disparu»!

Il n’est pas exclu que ces deux opposants emboîtent le pas au jeune blogueur détenu Mahmoud Zaidane, et observent à leur tour une grève des intestins vides.

Cette affaire, combinée à l’enlèvement en 2009 de l’ancien chef de la sécurité des camps de Tindouf, Ahmed Khalil, qui serait détenu à Alger, remet sur le devant de la scène le sombre registre des violations du droit humanitaire dans les camps de Lahmada-Tindouf. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 20/07/2019 à 09h29