Tindouf. Ils sont en grève de la faim: comment le Polisario bafoue les droits de ses opposants

Le camp de Tindouf.

Le camp de Tindouf. . DR

Dénonçant leurs conditions de détention inhumaines à Tindouf, en Algérie, Moulay Abba Bouzid et Fadel Breica, deux activistes sahraouis, annoncent avoir entamé une grève de la faim. Explications.

Le 17/07/2019 à 10h15

L’information émane du mouvement anti-Polisario "Initiative sahraouie pour le changement" et elle est relayée par l’agence espagnole Europa press. Deux activistes sahraouis, Moulay Abba Bouzid et Fadel Breica, connus pour leur positions anti-Polisario et détenus à ce titre à Tindouf, en territoire algérien, annoncent avoir entamé une grève de la faim au motif d'une détention arbitraire et d'un traitement inhumain dont ils font l’objet. C’était à partir de lundi dernier, 15 juillet. 

La famille d’Abba Bouzid n’a pas manqué d’exprimer sa grande inquiétude, leur fils étant d'ores et déjà gravement affecté, car souffrant d’une maladie chronique.

Avec Fadel Breica et un autre activiste, le blogueur Mahmoud Zeidan, Bouzid a été placé en détention le 17 juin dernier à la prison de Dheibia, à Rabouni. Il leur est reproché d'avoir publié au cours des derniers mois de nombreux statuts sur Facebook critiquant sévèrement les dirigeants du front Polisario. La raison a été jugée suffisante par ces dirigeants pour accuser les trois dissidents d'incitation à la rébellion, de diffamation et de calomnie, notamment. 

Pour qu’ils obtiennent justice, l'Initiative sahraouie pour le changement, organisation basée en Espagne, a appelé à une intervention des Nations Unies et de l’Union européenne en faveur de ces trois opposants. Le but de cette action est aussi que les "droits des concernés soient garantis".

Rappelons que l'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) de défense des droits humains a appelé hier, mardi 16 juillet, les responsables de la pseudo-Rasd à fournir les preuves des crimes commis par trois militants sahraouis qu'ils détiennent ou à les libérer.

"Les autorités sahraouies devraient établir de manière crédible que Bouzid, Breica et Zeidan pourraient avoir commis des actes véritablement criminels, et pas seulement avoir critiqué pacifiquement le Front Polisario", a déclaré à ce sujet Lama Fakih, directrice adjointe Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW, citée dans un communiqué de l'ONG. 

"En l'absence de preuves d'activités criminelles, les trois hommes devraient être remis en liberté", a-t-elle estimé. "Un mois après l'arrestation des trois hommes, les autorités n'ont toujours pas divulgué les éléments qui sous-tendent de telles accusations", souligne HRW, repris par l’agence AFP.

Lama Fakih en appelle par ailleurs à l'Algérie, estimant qu'elle "ne peut pas sous-traiter la protection des droits humains sur son territoire et fermer les yeux si le Polisario les viole".

Précisons que Abba Bouzid et Fadel Breica sont membres de l'Initiative sahraouie pour le Changement. Quant à Mahmoud Zeidan, il est journaliste et membre du Forum des Jeunes sahraouis pour une Solution, deux organisations basées en Espagne, qui contestent la direction du Polisario et prônent de nouvelles approches pour régler le dossier, selon HRW.

Par Youssef Bellarbi
Le 17/07/2019 à 10h15