Soupçons de torture sur les détenus d'Al Hoceima: voici pourquoi HRW se trompe

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Alors que le procès en appel des personnes détenues dans le cadre des évènements d'Al Hoceima a démarré le 14 novembre dernier, Human Rights Watch a fait ce vendredi une sortie dénonçant des aveux obtenus sous la torture et parlant d'un procès pour délit d'opinion. La vérité est toute autre.

Le 30/11/2018 à 15h58

Après avoir longtemps défendu la thèse d'un procès politique du fait de délits d'opinion portant atteinte à la liberté d'expression et aux droits de l'homme, Human Rights Watch change son fusil d'épaule. Alors que le procès en appel des personnes détenues dans le cadre des évènements d'Al Hoceima a démarré le 14 novembre dernier, l'ONG américaine joue désormais la carte d'aveux obtenus sous la torture et ne pouvant donc pas être retenus comme des preuves à charge.

L'ONG en veut pour preuve des rapports médicaux suggérant qu'au moins une partie des accusés avaient subi des violences policières pendant ou après leurs arrestations ainsi que l'initiative prise le 17 et 18 juin 2017 par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) de dépêcher des médecins légistes qui ont ausculté 34 détenus. Si des parties non finalisées et donc non officielles du rapport de cette commission ont fuité et évoqué des abus, le verdict du CNDH est tombé, quant à lui, le 28 juin 2017, soit dix jours plus tard.

Conclusion: les accusations de torture formulées par des personnes détenues suite aux manifestations d’Al Hoceima sont infondées. Meneur des manifestations, Nasser Zefzafi figurait également parmi les personnes avec lesquelles ces rencontres et expertises ont été réalisées. On s'en souvient également: Rachid Ben Ali, l’avocat du comité de défense des détenus, avait lui-même affirmé à la même époque que «les détenus d’Al Hoceima ne présentent aucune trace de torture, ils sont en bonne santé».

Le magistrat attaché au ministère de la Justice, Hicham El Blaoui, avait, dans la foulée, assuré que l’ensemble des personnes qui étaient poursuivies dans le cadre des incidents d’Al Hoceima ou arrêtées pour les besoins de l’enquête avaient bénéficié de toutes les garanties conférées par la loi, à leur tête la présomption d’innocence.

A ce titre, le parquet général avait ordonné qu’un groupe de personnes poursuivies dans le cadre de ces incidents soit soumis à des examens médicaux et avait interagi avec les requêtes des membres de la défense des personnes arrêtées en leur accordant un permis de visite à leurs clients.

On retiendra également que les autorités, notamment l'Administration des prisons, a, à chaque fois qu'un cas de torture ou de mauvais traitement était invoqué par un détenu, réagi en menant des enquêtes qui n'ont à aucun moment révélé de cas de mauvais traitements.

On rappellera au demeurant que les personnes condamnées l'ont été non pas, et à aucun moment, pour leurs opinions mais pour d'autres chefs d'accusation: atteinte à la sécurité intérieure de l’État, incendie criminel (notamment contre un commissariat de police où des agents risquaient de brûler vifs), agression d’agents de police dans l’exercice de leurs fonctions et dégradation de biens publics.

Quelque 118 détenus sur un total d'environ 400, ont par ailleurs bénéficié d'une grâce royale à l'occasion du dernier Aïd Al Adha.

Par Youssef Bellarbi
Le 30/11/2018 à 15h58