Elle est la femme de toutes les premières. Professeur à la Faculté des sciences Juridiques, économiques et sociales de l’Université Mohammed V de Rabat. Pénaliste chevronnée, Rajaa Naji Mekkaoui a été à ce titre la seule alem femme à donner une lecture devant le souverain, dans le cadre des Causeries religieuses tenues pendant le mois de ramadan. Nous sommes le 5 novembre 2003 (déjà) et le thème n'était autre que le premier verset de la sourate Annisa'a (Les Femmes) dans lequel Dieu dit: "Vous les hommes! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d'un seul être, puis de celui-ci, Il a créé son épouse et Il a fait naître de ce couple un grand nombre d'hommes et de femmes. Craignez Dieu! - Vous vous interrogez à Son sujet - et respectez les entrailles qui vous ont portés. Dieu vous observe".
Le fond de son analyse: une étude comparative sur la conception de la famille entre les sciences sociales modernes et la loi coranique.
Quinze ans après, c'est sur cette femme de foi et de savoir, juriste et enseignante universitaire, entre autres, que le choix du souverain s'est porté pour représenter, en tant qu'ambassadeur, le Royaume au Saint-Siège, soit le Vatican, le coeur battant de la première religion de la planète. Là encore, une véritable première.
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Entre-temps, et du chemin, Rajaa Naji Mekkaoui en a fait. Fervente militante des droits de l'Homme, elle a fait de l'égalité homme-femme, du droit et de la famille, mais aussi de la santé, ses terrains de prédilection. A son actif, des ouvrages de référence dans des domaines aussi divers qu'essentiels, tels que Les grands dossiers de la famille, La transplantation d’organes humains: étude comparative juridique, La Moudawana (Code de la famille marocain): référentiel et classique en harmonie (3 volumes) ou encore L’Université et stratégies de développement: Quelles interférences?.
Rajaa Naji Mekkaoui est aussi une femme d'action. Jusque-là, elle a été membre de la Haute instance du dialogue national sur la réforme de la Justice, mais aussi du Conseil supérieur des oulémas. Autre première, et il y a juste une année, elle a été élue présidente de la commission permanente des droits de l'Homme à l'Organisation de la conférence islamique (OCI).
Signe avant-coureur de sa récente nomination, c'est le magazine La Croix qui la citait en traitant de l'accès des femmes au métier de adoul au Maroc. Ce qu'elle a dit? "Ce sont les mœurs et les règles sociales qui avaient éclipsé les alimates [féminin de oulémas] de l’espace public, et non l’islam". Sous l'impulsion du roi Mohammed VI, la donne change à vue d'oeil.