Le Polisario non grata au Parlement espagnol

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Borrell.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Borrell. . DR

Le gouvernement espagnol vient d’opposer une fin de non-recevoir à la demande du parti d’extrême-gauche, Podemos, d’organiser mi-novembre courant une rencontre pro-Polisario au Congrès des députés. Détails.

Le 12/11/2018 à 12h16

Un cinglant camouflet vient d’être infligé par Madrid au front polisario, et ses relais espagnols. Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez vient en effet d’interdire une rencontre prévue à la mi-novembre au Congrès (chambre des députés), à l’initiative du parti d’extrême-gauche Podemos. Cette rencontre, qui devait se dérouler parallèlement à la manifestation annuelle prévue les 16 et 17 novembre par le front séparatiste à Madrid (la dénommée "Coordination européenne de solidarité et de soutien au peuple sahraoui, Eucoco"), a été annulée sur la base d’un rapport commandé à la commission des Affaires étrangères par le parti socialiste au pouvoir, avec le soutien du Parti populaire (PP), mettant en garde contre l’impact négatif que cette initiative pro-Polisario pouvait produire sur les rapports entre Madrid et Rabat.

Par ailleurs, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell, a salué chaleureusement l’appel lancé par le Roi Mohammed VI, à l’occasion du 43è anniversaire de la Marche verte, le 6 novembre, pour «un dialogue direct et sincère» avec l’Algérie, qualifiant via son compte Twitter cet appel de «grande nouvelle». 

Résumons: tout en ignorant le front Polisario, le gouvernement espagnol soutient un «dialogue direct et sincère» avec Alger, pour solder le conflit créé autour du Sahara, épousant ainsi clairement la position de Rabat, qui conditionne tout retour à la table des négociations à la participation effective d’Alger, véritable partie prenante au conflit.

Ce changement de cap constaté chez le voisin du nord participe d’une prise de conscience accrue et généralisée du rôle d’Alger dans la perpétuation du différend saharien. Une prise de conscience traduite par l’invitation adressée fin septembre dernier à Alger par l’envoyé personnel du SG de l’ONU, Horst Köhler, pour prendre part à une table ronde prévue les 5 et 6 décembre prochain à Genève, en perspective de la reprise des négociations pour trouver une solution politique basée sur l'esprit du compromis et du réalisme au contentieux régional créé autour du Sahara.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 12/11/2018 à 12h16