Le MP, parti de l’opposition, qualifie de «pas positif» les résultats du dialogue social, mais en réclame plus

Driss Sentissi, président du groupe haraki à la Chambre des représentants, lors d'une interview avec Le360.

Driss Sentissi, président du groupe haraki à la Chambre des représentants, lors d'une interview avec Le360. . Brahim Moussaaid / Le360

Le Mouvement populaire (MP, opposition) a salué les résultats du dialogue social et l’accord du 30 avril 2022 conclu entre le gouvernement, les syndicats et le patronat. Ce parti nuance néanmoins sa position en invitant l’exécutif à agir plus sur la flambée des prix et la préservation du pouvoir d’achat, notamment de la classe moyenne.

Le 02/05/2022 à 14h18

«Nous considérons comme positives les mesures énoncées dans le cadre de l’accord social, mais nous estimons que beaucoup de choses restent encore à accomplir pour contrer la flambée des prix et pour maintenir le pouvoir d’achat de la classe moyenne», a affirmé le chef du groupe parlementaire du parti haraki à la Chambre des représentants, Driss Sentissi, dans un entretien avec Le360.

Selon ce député de l’opposition, «la hausse du Smig de 10%, dont une première tranche de 5% sera versée en septembre prochain, constitue un pas en avant mais qui, selon lui, ne peut régler qu’une infime partie de la problématique de l’inflation qui s’est aggravée». Le MP estime qu’il aurait été préférable que le versement de cette première tranche de 5% «soit effectuée sur le champ afin de soutenir le pouvoir d’achat». Ce membre du bureau politique du MP, a également tenu à préciser que contrairement à des interprétations erronées, le montant du Smig est fixé au prix de l’heure de travail et non pas au mois.

Au sujet de la réduction progressive de l’impôt sur les salaires telle que proposée, le chef du groupe du MP a rappelé que les petits salaires des employés et des fonctionnaires ont toujours échappé à l’imposition fiscale contrairement aux grands revenus salariaux. «Nous constatons, a-t-il dit, que le gouvernement veille à un équilibre au niveau des impôts par rapport aux salaires». «Le MP demande plus que cela, c’est à dire l’instauration d’une vraie justice fiscale», a poursuivi le président du groupe parlementaire haraki.

Selon lui, les députés du MP «ne cesseront jamais d’interpeller le gouvernement sur la flambée des prix». «Nous avons des initiatives à proposer dès la semaine prochaine pour résoudre ce problème, notamment la réduction des exportations de certains produits, ainsi que le soutien à accorder à certains produits utilisés par l’artisanat, un secteur qui fait vivre 3 millions de personnes», a-t-il souligné. Driss Sentissi a également fait part de son intention de soulever au Parlement la question de l’insuffisance des bourses allouées aux étudiants.

Le dirigeant haraki a également regretté la faiblesse de la production législative. «A présent, l’agenda de la production législative en matière de projets de loi, a-t-il déploré, est pratiquement vide». «Nous avons été récemment informés par le secrétaire général du gouvernement de l’absence de prévisions à ce propos», a affirmé le chef du groupe du MP. Le gouvernement garde en effet toujours dans ses tiroirs des projets de loi, liés notamment au Code pénal, à la procédure du Code pénal, à l’enrichissement illicite ainsi que ceux du Code du travail et du droit de grève.

L’accord signé le samedi 30 avril 2022 dans le cadre du dialogue social, porte notamment sur une hausse du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) de 10%, versée en deux tranches, à savoir 5% à partir de septembre 2022 et 5% une année plus tard. Il prévoit d’aligner en 2022 le salaire minimum agricole garanti (Smag) sur le Smig, ainsi que la réduction de l’impôt sur le revenu. Le niveau de réduction de cet impôt fera l’objet de négociations en 2022 afin de l’instaurer au titre du projet de la loi de finances 2023.

L’accord prévoit également une revalorisation des allocations familiales pour les quatrièmes, cinquièmes et sixièmes enfants, de 36 à 100 dirhams ainsi qu’un congé de paternité de 15 jours au lieu de 3 jours.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Brahim Moussaaid
Le 02/05/2022 à 14h18