Exposition: le Centre Pompidou insulte la mémoire des soldats marocains

Le Centre Pompidou à Paris.

Le Centre Pompidou à Paris. . DR

Sous la supervision d’un écrivain américain, Jean Lamore, le Polisario s’offre une percée au Centre Pompidou de Paris… Et y exhibe, sans la moindre humanité, les effets personnels et les photographies intimes des soldats marocains morts dans la guerre. Scandaleux.

Le 02/11/2018 à 14h00

Une exposition, présentée comme un hommage à l’armée du Polisario, se tient depuis une semaine dans un coin obscur, au quatrième étage du célèbre centre Pompidou de Paris qui abrite le Musée national d’art moderne (MNAM), l’une des plus prestigieuses institutions muséales au monde. Cette exposition doit se prolonger jusqu’en juillet prochain.

Il s’agit là, ni plus ni moins, que d’un énorme scandale, passé à travers les filets d’une grande institution, au mépris des droits de l’Homme les plus fondamentaux: le respect de la vie privée, le respect de la mémoire des disparus, ainsi que le respect de leurs familles. Et pour cause: cette exposition abrite les effets personnels et les photographies intimes de soldats marocains tombés en martyrs, alors qu’ils défendaient l’intégrité territoriale de leur pays, face au Polisario et à son sponsor algérien.

L’agence de presse algérienne (l’APS) et son corollaire polisarien (la SPS) ainsi que leurs relais médiatiques, auront beau s’en cacher, et présenter cette exposition, supervisée par Jean Lamore, écrivain et réalisateur américain acquis à la thèse séparatiste, comme un «hommage» à la «lutte du peuple sahraoui pour l’indépendance», il est difficile de cacher son côté abominable.

Dans les détails, cette exposition se compose de photos et effets personnels récupérées dans les portefeuilles des éléments des Forces armées royales, faits prisonniers ou tombés au combat. Dans les effets personnels, on trouve bien souvent la photographie d’un enfant, d’une mère, d’une femme aimée, voire une photo de famille... Quelle indécence que d'exhiber celles de ces soldats comme un trophée de guerre dans une institution, connue pour prendre d’énormes précautions liées au respect de la mémoire et de l’éthique, y compris quand elle organise des manifestations dédiées à la relation entre art et guerre!

Les organisateurs de cet évènement n’ont pas pris de gants. Ont-ils envisagé un seul instant qu’en exposant quelque 400 pièces, recueillies par leurs soins parmi 60.000 autres arborés par le Polisario et stockées dans son «musée» de Rabouni, en territoire algérien, ce ne sont pas là des objets inertes qu’ils exposent, mais des tranches de vie? Ne voient-ils pas le sang effacé de ces effets personnels? Ont-ils pris contact avec les familles de ces morts?

Il y a plus scandaleux encore, Jean Lamore se lance dans une explication de la démarche qui l’a conduit à cette «sélection», comme en témoigne la vidéo ci-dessous. 

Il s’extasie littéralement devant ces objets en utilisant un discours esthétisant, parlant de «beau», de «pur» à propos d’objets volés à des morts. Jean Lamore se représente-t-il que son approche esthétique est celle d’un nécrophile qui viole des cadavres? Comment peut-il parler de beau alors qu’il exhibe des effets personnels sentant la douleur et les souffrances individuelles? Comment peut-il honnir à ce point la dignité humaine?

Si le Centre Pompidou a une responsabilité certaine en laissant un activiste trouver une niche dans ses murs pour souiller l’humain, il semblerait que rien n’a été fait par la Fondation nationale des Musées pour empêcher cette insulte à la mémoire des soldats marocains.

En sa qualité de président de la Fondation nationale des Musées et de grand lobbyiste, Mehdi Qotbi, au demeurant très proche des milieux artistiques et culturels français, aurait pu anticiper un tel «coup». Comme pour se rattraper, le mal étant fait, il a adressé ce vendredi 2 novembre un courrier au président du Centre Pompidou dans lequel il dénonce cette exposition. «Le bien-fondé même de cette initiative activiste et strictement politicienne nous échappe. On ne voit pas quel est le levier artistique qui pourrait, éventuellement, la justifier», lit-on.

«La réputation internationale de votre Centre, son excellence artistique et sa rigueur académique– sans parler des liens réels d’amitié qui le lient à une multitude d’institutions mondiales– ne peuvent souffrir de ce genre d’initiative en rupture totale avec notre cause commune qui est l’Art», s’indigne encore Qotbi. Un peu molle, l’indignation tardive!

Par Tarik Qattab
Le 02/11/2018 à 14h00