"C'est l'une des pires défaites qu'il subit", a déclaré à le360 le politologue Omar Cherkaoui. Politiquement, il n'est "pas mort totalement" mais il restera "très affaibli pour longtemps", a estimé ce spécialiste du PJD. "Il va devenir un sage et un conseiller, pas plus".
Ce dimanche, 126 voix opposées au 3e mandat -contre 101 favorables à la reconduction- ont envoyé le leader islamiste aux enfers et aux "tamassih". On peut comparer cette défaite à la chère phrase de Benkirane "Intaha el kalam" (Tout a été dit), a ironisé l'universitaire Khalid Zahiri.
Les milieux politiques de la capitale rappellent que Benkirane était un homme puissant qui s'appuyait sur une majorité, qui lui fut acquise durant deux mandats, soit depuis 2008. Aujourd'hui il est "affaibli et minoritaire" après ce vote qui signe une victoire éclatante du courant de Saâd-Eddine El Othmani auquel se sont ralliés, et c'est une surprise, certains fervents partisans de Benkirane comme le numéro deux du parti, Slimane El Omrani.
Au sein du PJD, on minimise pourtant l'ampleur de la défaite du secrétaire général sortant. Des ministres PJDistes comme Aziz Rabbah, contactés par le360, ont estimé que Benkirane "reste un grand leader dont le parti à encore grand besoin".
Maintenant qu'il a été "renvoyé chez lui" qu'est-ce que le congrès national du 9 décembre va décider? Selon plusieurs politologues, la logique voudrait qu'un consensus accompagne l'esprit du Conseil national en confiant les rênes du PJD à Saâd-Eddine El Othmani, l'actuel chef du gouvernement. Ironie de l'histoire, Benkirane avait détrôné El Othmani de la direction du parti en juillet 2008.
A noter que le départ de Benkirane du secrétariat général de la formation islamiste va paradoxalement contribuer à souder les rangs du parti. "C'est sa présence contestée qui aurait maintenu les tensions entre le parti et les adeptes de la participation du PJD au gouvernement". El Othmani peut gouverner tranquillement sans turbulences surtout s'il est élu secrétaire général du PJD lors du congrès du 9 décembre.
Pour le politologue Omar Cherkaoui, quelque que soit le résultat qui clôt ces travaux ce 26 novembre, le PJD a livré "une leçon de démocratie interne", une pratique très rare dans le champ politique marocain. Même Benkirane y a contribué parce que dans ses interventions, il n'a à aucun moment lancé de défi à l'Etat".
Reste que les statuts internes du PJD autorisent un SG sortant à se représenter au terme d'un mandat assuré par un autre dirigeant. Autrement dit, rien n'interdit à Abdelilah Benkirane de se présenter en 2021, à la veille des élections législatives. "Vous ne connaissez pas Benkirane, il ne se sent jamais abattu", a affirmé un de ses proches, Bilal Talidi, qui est également un des idéologues et du PJD et du Mouvement unicité et réforme (MUR).