28 avril 2017, siège de l’ONU, situé à l’East River, Manhattan, New-York. Il est 22 heures quand, après le vote de la résolution 2351 sur le Sahara, l’ambassadeur représentant du royaume du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, se présente devant un parterre de journalistes et ouvre le bal des questions-réponses. «Euh... peut-être que je vais faire une extrapolation, il y a le mouvement de l'indépendance du Rif qui a pris de l'ampleur... euh... il y a des appels pour sensibiliser la communauté internationale sur une partie des terres occupées du Rif», lâche une journaliste à l’agence de presse algérienne (APS), à la surprise générale. On s’attendait à une question sur la nouvelle résolution sur le Sahara, on a eu droit à une question sur «le Rif occupé!» A ce train-là, ne soyons pas étonnés que des journalistes de l’agence de presse officielle algérienne parlent du «Doukkala et du Haouz occupés!»
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Une saillie que ni le timing, ni le contexte, encore moins la pertinence ne permet. Mais ne nous y trompons pas: cette sortie ne doit rien au hasard. Loin s’en faut, elle participe d’une politique d’Etat en Algérie qui consiste en deux axes. Primo, l’amplification du moindre fait divers survenant au Maroc, le cas échéant les revendications à caractère social à Al Hoceïma, son instrumentalisation à grand roulement de tambours via divers canaux de communication, notamment la centrifugeuse des réseaux sociaux, pour tenter à la fois de nuire à l’image du royaume du Maroc et souffler sur des bûches éteintes dans l’espoir d’attiser le feu. Deuxio, une fois que l’effet surdimensionné est garanti, les services algériens entrent en ligne pour mobiliser leurs agents exécutants et rameuter autour de la question, via des officines du droit-de-l’hommisme bon teint, appelés en renfort pour se répandre en imprécations contre le «Makhzen oppresseur»… La chanson, vous ne la connaissez que trop!
Il n’est pas étonnant que la presse algérienne ait été la première à souffler sur les braises des manifestations de colère contre le décès accidentel de Mohcine Fikri, fin octobre 2016. Il n’est pas étonnant non plus que les revendications sociales à Al Hoceima fassent la «UNE» de sites algériens subventionnés à l’aune de leur capacité de nuisance au «Makhzen ennemi»…
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Comble de la pyromanie, érigée curieusement en politique d’Etat par l’oligarchie anarcho-miltaire qui détient les rênes de l’Algérie, comme en attestent des Libyens exaspérés par l’ingérence algérienne dans leurs affaires internes et les récentes tensions avec les Tunisiens, les services voisins poussent l’hostilité jusqu’à mobiliser des activistes du «séparatisme du Rif» dans les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne.
Remarquez que la stratégie de sape anti-marocaine orchestrée par Alger vise particulièrement le Rif et le Sahara. Les vociférations de l’ambassadeur algérien à Bruxelles, le très pitoyable Amar Belani (qui a obtenu son poste pour bénéficier d’une bonne prise en charge médicale en Belgique), ainsi que ses attaques ubuesques servies à longueur de phrases sur les colonnes des journaux algériens à la botte des hauts galonnés, n’auront servi à rien. La résolution 2351 adoptée à l’unanimité des Quinze membres du Conseil de sécurité a fait l’effet d’un séisme à Alger, qui en guise de revanche veut désormais contre-attaquer tous azimuts: contre le Rif marocain, les villes du Sahara et même la mobilité et le dynamisme du chef de l’Etat!
Pourquoi Alger joue l’escalade contre le MarocAu fil des percées réalisées par le Maroc, à la faveur d’une diplomatie royale pragmatique faisant de la «soft power» un moyen de conquête diplomatique et économique, le royaume a fini par devenir la «mauvaise conscience» de l’oligarchie ossifiée tapie au luxueux Club des Pins, à Alger.
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Retour triomphal du Maroc au sein de l’Union africaine, acté fin janvier 2017 à la majorité écrasante des chefs d’Etat africains; percée marocaine dans des sous-régions africaines jusque il y a peu inconnues politiquement, inexplorées économiquement, à l’instar de l’Afrique de l’est et l’Afrique australe (Rwanda, Tanzanie, Ethiopie, Zambie, entre autres pays considérés jadis comme une «zone d’influence algérienne»), sans compter ce géant africain le Nigéria qui constituait avec Alger et Pretoria un axe d’hostilités contre le Maroc; leadership incontesté en Afrique de l’Ouest (le Maroc, premier investisseur) et deuxième, après la république populaire de Chine, à l’échelle de tout le continent africain… Autant de succès qui valent désormais au royaume d’être le passage obligé pour tout investissement étranger en Afrique.
Le dynamisme et l’esprit d’initiative de Mohammed VI, fondés sur un pragmatisme visionnaire, dérangent au plus haut point le voisin de l’est. Ce dynamisme rappelle cruellement à ce pays combien il est embourbé dans des querelles et des enjeux qui appartiennent au passé. Le roi en mouvement renvoie à l’oligarchie de ce pays l’image de sa paralysie. Contre le dynamisme du souverain, les services algériens multiplient les manœuvres sur les réseaux sociaux, fuitent des informations sur le calendrier du roi. Son déjeuner avec François Hollande a été annoncé depuis longtemps à Alger, mais à des fins qui sont à mille lieues de la réalité. Ce dynamisme est d’autant plus insupportable pour nos voisins qu’il porte ses fruits.
Or, cette success story dérange au plus haut point à Alger. Le royaume est devenu le miroir pour renvoyer l’Algérie à ses propres ratages, à ses faux paris, à ses propres échecs… On comprend pourquoi chaque réussite réalisée par le Maroc donne du fil à retordre à Alger, en Afrique ou en Amérique Latine (rétablissement des relations avec Cuba), en Europe (coopération sécuritaire saluée à l’échelle de tout le vieux-continent) ou en Asie (accords stratégiques avec la Russie et la Chine)… Est-ce un hasard si le Maroc est devenu un leitmotiv, voire une obsession pour la diplomatie algérienne, pour ne pas parler d’une presse contrainte à l’hostilité sinon le régime lui coupe les vivres ?
Alger, championne des occasions ratéesLe bon sens veut que chaque pas franchi par le Maroc soit une raison pour que le voisin de l’Est s’applique un travail de remise en question, tire les conclusions de ses échecs et réajuste son système à l’aune des changements géopolitiques que connaît la région, le continent, voire le monde. Or, ce n’est pas de cet œil salutaire que le voit le voisin de l’est habitué à la rente des hydrocarbures qui a favorisé l’insouciance face à l’échec, le je-m’en-foutisme en cas d’incompétence et l’absence de méritocratie. Quant au peuple, il est interdit de prendre la parole, de se rassembler, de s’exprimer librement… Oui, vous avez bien lu ! A Alger, il est interdit de se rassembler et de manifester publiquement. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a tenté lamentablement d’expliquer, hier, à l’Office des Nations Unies à Genève, que cette situation digne d’une dictature est «une exception en Algérie». Une exception qui dure plusieurs années devient une règle, M. le ministre. Et interdire dans la ville où vit plus du tiers des Algériens de manifester pacifiquement, c’est juguler la liberté d’expression et installer la terreur. La presse et les barbouzes algériennes devraient faire profil bas devant cette tare honteuse au lieu de centupler chaque jour les manifestants du Rif où il n’y a pas un seul mort.
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Cette volonté populaire est confisquée au seul profit d’oligarques justes bons pour le musée de l’histoire, et dont le seul enjeu, si tant est qu’il faille ainsi l’appeler, est de rivaliser de servilité au régime personnifié par un président malade, incapable de la moindre motricité, depuis son accident vasculaire cérébral diagnostiqué en 2013 à l’hôpital Val-de-grâce, à Paris.
Une vacance institutionnelle qui a aiguisé l’appétit et exacerbé la lutte pour le pouvoir, entre le clan présidentiel incarné par le frère d’Abdelaziz Bouteflika, Saïd Bouteflika, et le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général Gaïd Salah. Une guerre de clans qui se déroule sur les ruines d’une Algérie au bord de la faillite, aggravée par la chute continue des cours de pétrole (98% des exportations et 60% des recettes de l’Etat algérien)! Une dégringolade qui fait planer à nouveau le spectre d’une nouvelle explosion sociale, à l’image des émeutes du pain du début des années 80 et qui ont mis l’Algérie à feu et à sang. Une situation explosive qui ne semble pas inquiéter le régime de Bouteflika, accusé d’avoir dilapidé pas moins de 1000 milliards de dollars depuis son arrivée au pouvoir en 1999!
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Ce régime autarcique, resté prisonnier d’un discours tiers-mondiste éculé, n’a cure de la faillite qui menace l’Algérie, ni des alertes sur l’effondrement de l’Etat algérien, encore moins de l’explosion sociale contre laquelle les services occidentaux, sans parler des instituts d’études stratégiques, le mettent en garde quasiment chaque semaine.
Le régime continue de fuir en avant. Il ne regarde rien, pas même l’abstention record de 65% d’Algériens qui ont refusé de voter aux élections législatives de la semaine dernière, tellement le désabusement et le dégoût sont profonds. Au lieu de prendre acte de sa faillite annoncée et chercher à en atténuer l’effet, il continue à se jeter à fonds perdus dans le soutien d’une cause en toc, celle de la «RASD». Les 300 milliards de dollars dépensés jusqu’ici dans le soutien de cette entité fantoche ne semblent pas suffire, encore moins les soutiens achetés coups de milliards de pétrodollars auprès des organismes internationaux… à la seule fin de nuire au Maroc.