Interdits sur les marchés mondiaux, les produits agricoles algériens débarquent en Mauritanie

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Indésirables en Europe, en Amérique du nord, en Russie, dans les pays du Golfe, en Tunisie… les produits agricoles algériens viennent d’inonder ces derniers jours les marchés du nord de la Mauritanie. En attendant d’en faire de même au Sénégal. Attention danger !

Le 13/01/2019 à 15h49

Les autorités mauritaniennes feraient bien de jeter un regard méticuleux sur les produits agricoles algériens qui viennent de débarquer dans le nord du pays. Il y va de la santé de leurs citoyens car ces produits peuvent constituer un danger réel pour la santé publique. En effet, depuis maintenant plus de deux semaines, les médias algériens annonçaient, tambours battants, le lancement d’une opération d’exportation de produits algériens vers la Mauritanie et le Sénégal par voie terrestre.

Première du genre depuis l’ouverture en août dernier du passage frontalier entre la Mauritanie et l’Algérie, «la caravane en question est composée de 20 semi-remorques transportant 400 tonnes de différents produits... La cargaison est composée de 220 tonnes de produits agricoles (pommes de terre, oignons, citrouilles), 40 tonnes de produits électroménagers, 120 tonnes de produits agroalimentaires et 20 tonnes de produits hygiéniques», nous informe le journal Liberté.

Le ministre algérien du Commerce, Saïd Djellab, qui vient de superviser la mise en branle de cette caravane, a annoncé que deux autres opérations d’exportation sont prévues pour ce mois de janvier, dont l’une traversera la Mauritanie pour se rendre à Dakar.

Jeudi dernier, le site régional mauritanien, zouerate.info, n’a pas caché sa surprise de voir subitement apparaître, pour la première fois dans l’histoire, des produits agricoles algériens sur les étals des marchés de la cité minière du nord du pays. Ces produits sont composés essentiellement de deux légumes, à savoir les «pommes de terre et les oignons, vendus à 20 ouguiyas le kilo (0,5 euro), et qui ont été convoyés par de gros camions venus de la région d’Alger et ayant transité par le passage frontalier mauritano-algérien», écrit le site.

Or, ce que le média nord-mauritanien ignore, c’est que ces produits, et particulièrement la pomme de terre, sont formellement interdits d’entrée dans tous les pays du monde, ou du moins ceux d’entre eux qui ont instauré un minimum de contrôle à leurs frontières. Et pour cause, les normes phytosanitaires des produits agricoles algériens sont loin de répondre aux standards internationaux de sécurité sanitaire des aliments (multiples maladies et fortes concentrations en pesticides et autres produits phytosanitaires nocifs).

Pas plus loin que l’été dernier, des dizaines de milliers de tonnes de pomme de terre algérienne ont été incinérées dès leur entrée sur le territoire hexagonal, la France ayant strictement interdit l’importation de nombre de produits agricoles algériens. Le Canada, le Qatar et la Russie ont également pris des mesures similaires en blacklistant les produits agricoles algériens (dattes, pâtes alimentaires, pomme de terre, boissons gazeuses…), dont de nombreux contingents ont été systématiquement renvoyés à l’expéditeur.

Pour sa part, la Tunisie, pays voisin de l’Algérie et liée à celle-ci par un accord commercial préférentiel, n’accepte plus, depuis presque trois années, les pommes de terre algériennes sur son marché. Elle en empêche même certaines cargaisons de transiter par son territoire à destination de la Libye par crainte de contamination de ses terres arables.

Face à cette mise en quarantaine quasi mondiale à cause de la dangerosité de ses produits agricoles d’exportation, l’Algérie tente aujourd’hui de profiter de la récente ouverture du passage frontalier avec la Mauritanie pour écouler ses produits «pestiférés» vers l’Afrique de l’Ouest en vue de combler, un tant soit peu, le tarissements de ses rentrées en devises après la chute drastique des revenus pétroliers.

A travers cette «caravane d’exportation» ultra-médiatisée, la conception algérienne de la coopération Sud-Sud est ainsi dévoilée. D’un côté, elle procède au renvoi systématique, en masse et dans des conditions inhumaines des ressortissants africains, accusés d’être porteurs de Sida et jetés dans le grand désert du Sahara. De l’autre, l’Afrique subsaharienne, où l’Algérie n’a jamais investi le moindre dinar du temps où les pétrodollars coulaient à flots, est aujourd’hui considérée comme un débouché potentiel pour des produits algériens impropres à la consommation.

Par Mohammed Ould Boah
Le 13/01/2019 à 15h49