En quelques heures, des bombes ont semé mort et désolation dans des hôtels de luxe et églises célébrant la messe de Pâques en plusieurs endroits de l'île d'Asie du Sud, qui n'avait pas connu un tel déchaînement de violence depuis la fin de la guerre civile il y a dix ans.
Aucun groupe n'a pour l'heure revendiqué ces attaques coordonnées, en lien avec lesquelles les autorités ont arrêté 24 personnes à ce stade. Aucun détail n'a été donné officiellement sur les suspects.
Le président Maithripala Sirisena, qui était à l'étranger au moment des attaques, est revenu lundi dans le pays de 21 millions d'habitants et présidé un conseil de sécurité, ont indiqué ses services.
Un haut responsable de la police nationale avait émis une alerte il y a dix jours, sur la foi d'informations "d'une agence de renseignement étrangère", avertissant qu'un mouvement islamiste projetait "des attentats suicides contre des églises importantes" et l'ambassade d'Inde à Colombo.
Le groupe cité, le National Thowheeth Jama'ath (NJT), s'était fait connaître l'an passé en lien avec des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhiques.
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Lundi matin à Negombo, ville à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale Colombo, le paroissien Dilip Fernando était revenu devant l'église Saint-Sébastien, où sa famille et lui ont échappé de peu au carnage provoqué par l'une des attaques suicide visant la minorité chrétienne.
"Si l'église avait été ouverte ce matin, je serais allé à l'intérieur. Nous n'avons pas peur. Nous ne laisserons pas les terroristes gagner. Jamais! Je continuerai à aller à l'église", a-t-il déclaré à l'AFP.
Des dizaines de paires de chaussures appartenant aux victimes étaient rassemblées sur le terrain devant l'édifice catholique. Une chaussure d'homme, déchirée en deux, portait du sang séché.
À l'intérieur, des tuiles tombées du toit se mélangeaient aux débris sur le sol. Les murs et statues religieuses étaient criblés d'éclats.
Suite à la levée du couvre-feu à 6H00 locales (0H30 GMT), la vie semblait reprendre un cours normal dans le pays. Des gens se rendaient au bureau en voiture ou à moto, des tuk-tuk sillonnaient les rues.
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"Le Sri Lanka est comme ça. Nous sommes un peuple résilient. Nous avons vu tant de violence pendant la guerre civile. Pour le monde extérieur, ça semble énorme mais pour nous la vie continue", a estimé Nuwan Samarweera, un résident de Colombo de 50 ans.
Six explosions très rapprochées sont survenues dimanche matin et deux plusieurs heures après, dans ce pays prisé des touristes pour ses plages idylliques et sa nature verdoyante.
Le nombre exact d'étrangers tués "est difficile à déterminer. Autour de 37 sont morts, sur lesquels 11 ont été identifiés. Certains des corps sont mutilés et il est compliqué de les identifier", a déclaré à l'AFP un responsable des Affaires étrangères.
Des Indiens, Portugais, Turcs, Britanniques et Américains figurent parmi les nationalités touchées.
Dimanche soir, une "bombe artisanale" a été découverte et désamorcée sur une route menant vers le principal terminal de l'aéroport de Colombo. L'aéroport reste ouvert sous haute sécurité.