Il s'agit d'un nouveau signal d'alarme envoyé cette fois par la presse allemande, dont les principaux titres se sont intéressés à l'état défaillant du président algérien et de l'Algérie tout entière. De grands titres allemands, tels que le quotidien Die Welt (litteralement, le monde), et le magazine Der Spiegel (Le Miroir), consultés par le360, ont en effet dressé les scénarios catastrophes de l'effondrement de l'Etat algérien, aujourd'hui plus proche que jamais.
"Bientôt des dizaines de milliers de réfugiés en provenance d’Algérie?", alerte ainsi le prestigieux quotidien allemand Die Welt (distribué dans 130 pays), mettant son pays et l'Europe tout entière en garde contre un flux inédit d'Algériens vers l'Europe en cas de faillite du régime de leur pays. Un scénario confirmé, au-delà des indicateurs économiques et sociaux préoccupants, par l'état de santé du chef de l'Etat algérien, cloué dans un fauteuil roulant depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) diagnostiqué en 2013. "Si le président Bouteflika, malade depuis des années, meurt, le pays pourrait plonger dans le chaos", prévient Die Welt. "Non pas parce que le président Bouteflika est l’homme de la situation, comme le répètent inlassablement les ministres, mais parce qu’il a créé le vide autour de lui", constate le quotidien allemand. Un constat qui met en brèche les "assurances" contenues dans le message adressé par Bouteflika à la Nation à l'occasion de la Journée du martyr, le 18 février dernier, dans lequel il a dressé un tableau idyllique de l'Algérie.
L'Algérie “mûre” pour la déflagrationA l'appui de son diagnostic, le quotidien Die Welt pointe plusieurs facteurs susceptibles de provoquer l'implosion en l'Algérie. Il n'y a pas que la vacance institutionnelle, personnifiée par le président himself, confiné depuis longtemps dans sa résidence médicalisée à Zéralda, dans la région d'Alger. Un président qui a déserté le palais El Mouradia, et la guerre que se livrent sans pitié le clan présidentiel et celui du ministre-adjoint à la défense, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP, Gaïd Salah), accusé de vouloir préparer "un coup d'Etat blanc", à l'instar de celui accompli par le maréchal égyptien Abdelfettah al-Sissi. Bien d'autres circonstances aggravantes pourraient précipiter le voisin de l'Est dans le gouffre, indique Die Welt: "La corruption, l'oppression, les prix élevés des denrées alimentaires et l'insatisfaction de la population algérienne sont autant de facteurs qui menacent d’embraser la situation".
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"Le mécontentement est devenu important dans une grande partie de la population de l'Algérie. Il s'agit seulement d'une question de temps avant que la situation en Algérie n'explose", pointe Die Welt, citant l'expert Jeremy Keenan, professeur à l'École des études orientales et africaines, Université de Londres. "Les conditions de vie se détériorent. La seule chose qui manque est l'étincelle", prévient encore le quotidien allemand, dont le diagnostic rappelle curieusement celui, livré il y a quelques jours, par l'Americain Entreprise Institute (AEI) qui affirmait, dans un rapport consacré à l'Algérie, que la question n'était plus de savoir "si mais quand l'Algérie s'effondrera".
"Depuis 2015, les dépenses publiques en Algérie ont en effet été réduites de près de moitié et des mesures d'austérité ont été prises à tous les niveaux. En particulier, la réduction des subventions gouvernementales de produits alimentaires de base, comme le lait, le pain et la farine, beaucoup de gens en souffrent", affirme Die Welt. Et d'ajouter: "En plus de la hausse de l'inflation, le chômage est extrêmement élevé, surtout chez les jeunes, avec un total de 32%".
L'état de l'armée est "catastrophique"... Seul le budget de la Défense a été épargné, avec 11 milliards de dollars consacrés annuellement à ce colosse budgétivore, dont une bonne partie finit sur les comptes bien garnis détenus par les hauts galonnés de l'ANP dans les paradis fiscaux, notamment en Suisse. Paradoxalement, "l'armée algérienne, qui se taille la part du lion du budget général de l'Etat, est dans un état catastrophique", observe Die Welt, relevant un ras-le-bol généralisé chez les soldats "complètement insatisfaits des mauvais traitements" subis de la part de leur hiérarchie.
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"Ce sont exactement ces ingrédients qui ont conduit au renversement des dirigeants en Tunisie, en Libye et en Egypte. L'Algérie, cependant, est à ce jour, exempte de ces manifestations de masse. Mais aujourd'hui, la situation semble se rétrécir de plus en plus. L'Algérie sera-t-elle la prochaine cible du «printemps arabe»?", se demande Die Welt, précisant que tout porte à le penser.
"Der Spiegel": Bouteflika, le malade d’AlgerSous le titre "Bouteflika, le malade d'Alger", Der Spiegel envoie quant à lui un autre signal d'alarme estimant que la situation en Algérie, à l'image de l'état de santé de son président, est "intenable" et "explosive". "A Alger, une lutte de pouvoir fait rage parmi les intimes du président Bouteflika", observe le magazine allemand, évoquant l'annulation à la dernière minute du voyage de la chancelière Angela Merkel, prévu lundi dernier en Algérie. "C'est la première fois que l'Algérie doit annuler la visite d'Etat d'un dirigeant étranger. Cela montre à quel point l'état du président Bouteflika est grave", indique-t-il. "En 2013, le président Bouteflika a subi un accident vasculaire cérébral. Depuis, il est dans un fauteuil roulant et se produit à peine publiquement. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a été le dernier homme politique allemand à l'avoir rencontré personnellement en janvier 2015. Steinmeier a ensuite été très touché par la conversation avec le Bouteflika gravement malade. Il avait l'impression que c'était la dernière rencontre avec le chef de l'Etat algérien", rapporte la publication allemande
Explosion sociale en vue... "Bouteflika est chef d'Etat depuis 1999. Son arrivée au pouvoir est intervenue suite à la guerre civile qui s'est déchaînée dans les années 90, faisant plus de 100.000 morts. Bouteflika a certes réussi à stabiliser l'Algérie. Mais économiquement, le pays est confronté à des problèmes majeurs", indique Der Spiegel.
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"Le gouvernement a réduit les subventions et augmenté la TVA de 2%. Fruits, légumes, poissons, tabac et carburant sont devenus plus chers, et ce sont les classes inférieures qui souffrent en particulier", remarque-t-il, précisant que cette cure d'austérité a donné lieu à des manifestations de protestation violentes courant 2017. "Le gouvernement a réagi comme d'habitude: le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a décrit les manifestations comme étant le résultat d'une conspiration étrangère", rappelle Der Spiegel.
Qui gouverne vraiment à Alger?"Mais qui prend les décisions finales dans les dossiers importants de l'Etat algérien?", s'interroge Der Spiegel, mettant en doute la capacité de Bouteflika à diriger le pays. "Saïd Bouteflika, frère du président, et Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP, se livrent une lutte impitoyable pour le pouvoir dans les coulisses", relève-t-il. Seulement, cette lutte n'a pas livré tous ses secrets, renforçant le climat d'incertitude en Algérie.
Une incertitude qui, à Dieu ne plaise, rend le scénario d'implosion très plausible, certifie Der Spiegel, prévenant que l'Europe, et l'Allemagne en particulier, devrait se préparer à ce sombre scénario mettant en danger la stabilité de toute la région euro-méditerranéenne.