"Je dis que le système Bouteflika est fracturé et qu'il se désintègre. Rendez-vous compte que l'Organisation nationale des moudjahidines, nos anciens combattants, qui a toujours soutenu les institutions et le gouvernement, vient de lâcher le pouvoir", déclare au Journal du dimanche, M. Benflis, qui a annoncé début mars qu'il ne se présenterait pas à la présidentielle du 18 avril car elle n'a plus "de raison d'être", selon lui, étant donnée la contestation actuelle en Algérie.
L'annonce de la candidature du président Bouteflika à un cinquième mandat a provoqué des manifestations et une contestation de son pouvoir, inédite depuis qu'il a été élu à la tête de l'Etat en 1999.
"Le front patronal, qui accapare 80 % des marchés publics, est également en train de se fissurer. Il y a aussi beaucoup de démissions au sein du FLN, parmi les députés et les élus locaux. Les syndicats autonomes sont clairement du côté des manifestants ainsi que les avocats et les journalistes qui, dans le service public, ont trop longtemps été humiliés", estime M. Benflis, ancien Premier ministre de M. Bouteflika entre 2000 et 2003 et ex-secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), ancien parti unique et formation du chef de l'Etat.
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Face aux centaines de milliers de personnes descendues dans les rues de plusieurs villes d'Algérie, M. Benflis dit ne pas croire que l'armée recourra à la violence.
"Il n'y aura pas de répression car il est impossible de contrecarrer cette marée humaine. Je n'imagine pas un instant l'Armée nationale populaire, héritière de notre glorieuse Armée de libération nationale, ne pas prendre en compte les aspirations du peuple", a ajouté M. Benflis.
L'opposant estime que la seule issue à la crise est un report de l'élection. "Elle doit être reportée. Et la conférence nationale qui nous est proposée, comme en 2014, avec une fausse signature du chef de l'État, est bidon. Je le répète, aucune sortie de crise ne peut avoir lieu sur les bases de l'ancien système", juge-t-il.
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M. Benflis demande en particulier que M. Bouteflika, toujours hospitalisé en Suisse à la suite d'un AVC, renonce à un cinquième mandat, que le gouvernement démissionne, tout comme le président du Conseil constitutionnel.
Ali Benflis a obtenu 6,4% des voix en 2004 et 12,3% en 2014, à chaque fois en deuxième position derrière le président sortant, réélu au 1er tour sans discontinuer depuis 2004 avec plus de 80% des voix.