Vidéo-Diapo. À Turin, devant un parterre d’opérateurs italiens, MHE fait son mea culpa: «le problème, c’est moi»

DiaporamaEn visite de travail en Italie, le ministre de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy, a reconnu n'avoir pas suffisamment ouvert de canaux de communication avec les industriels du pays. Pour se rattraper, voici ce qu’il leur a proposé, lors d’une rencontre organisée à Turin, la capitale du Piémont.

Le 17/11/2019 à 17h00

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Une économie ouverte, la liberté d’entreprendre, la possibilité de détenir 100% du capital, de rapatrier 100% des dividendes, etc.

Tous les arguments sont bons pour séduire les industriels italiens. Jeudi 14 novembre dernier à Turin, face aux membres de l’Association nationale de l’industrie automobile italienne (ANFIA), en plus de tous les avantages qu’on pourrait imaginer (fiscalité, foncier, formation professionnelle, etc), le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie Verte et Numérique, Moulay Hafid Elalamy, dit MHE, a surtout insisté sur un atout maître du royaume: celui de sa stabilité d’un point de vue politique, mais aussi l'avantage d'une visibilité claire, grâce à ses stratégies sectorielles, dont la continuité temporelle est garantie au plus haut sommet de l’Etat: «la spécificité du Maroc, c’est que lorsqu’il s’agit d’une stratégie à moyen et long terme qui touche à la Nation, le ministre doit la présenter au roi. Puis, plus personne ne pourra la changer» a donc expliqué MHE.

Le Maroc, a-t-il poursuivi, est désigné, par toutes les agences de notation américaines, comme faisant partie des pays les plus sûrs au monde.

Organisée à l’initiative de l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), en partenariat avec l’ANFIA (qui regroupe 300 équipementiers automobiles italiens, réalisant un volume annuel de 22 milliards de dollars d’exportations), cette rencontre de Turin a été l’occasion de réitérer la volonté du Maroc de figurer parmi les sept premiers pays producteurs automobile dans le monde.

Le minisre a rappelé, à ce titre, l’envolée des exportations de la production marocaine, combinées à l’implantation d’équipementiers de référence mondiale et de géants de la construction automobile sur le territoire du royaume.

Selon l’Agence Fitch, le Maroc est aujourd’hui classé cinquième plus grand exportateur étranger vers l'Europe avec une capacité installée de 700.000 véhicules, ce qui en fait le leader en la matière sur le continent africain.

Globalement, les exportations de la branche automobile sont passées de 14,7 milliards de dirhams à près de 65,1 milliards de dirhams à fin 2018, soit une progression moyenne nette de 14,5 % par an. Presque tous les objectifs fixés par le Plan sectoriel d’accélération industrielle se trouvent aujourd’hui dépassés, notamment le taux d'intégration de la production automobile, qui frôle d'ores et déjà le score très enviable de 60%.

Quid maintenant de la présence des industriels italiens au Maroc? Parmi les 250 équipementiers installés à ce jour, seuls 6 sont italiens, déplore l'ensemble de la délégation marocaine. L’ANFIA revendique, quant à elle, une douzaine d’entités.

Interrogé par Le360, un haut responsable du ministère de l’Industrie a expliqué cette divergence statistique par le fait que les chiffres communiqués par MHE ne tiennent pas compte des usines détenues par des filiales italiennes adossées à des groupes issus d’autres nationalités: Japon, Allemagne, etc.

«Notre histoire commune ne peut pas se résumer à 6 ou à 12 entreprises parmi 250», a toutefois soutenu MHE, qui n’a pu cacher son admiration pour les marques automobiles italiennes: «l’industrie automobile circule dans le sang des Italiens. Les plus belles voitures du monde sortent d’Italie».

Interpellé, par ailleurs, sur la faible présence de l’industrie italienne au Maroc, MHE n’a pas hésité à faire son mea culpa. «J’ai fait un diagnostic. J’ai trouvé que c'était moi le problème», a ainsi lancé le ministre devant les membres de l’ANFIA. «Je n’ai pas pris le temps de vous expliquer les avantages de mon pays. Nous n’avons pas opéré assez de communication entre les entreprises installées au Maroc et les opérateurs italiens», a ajouté Moulay Hafid Elalamy.

Le ministre de l'Industrie a toutefois promis de rattraper ce retard, et s'est engagé à sillonner incessamment l’Italie, à la rencontre de ses opérateurs industriels.

«Attendez-vous à ce que je vous rende un peu plus visite, et à me voir plus souvent. Nous avons la capacité d’accompagner les entreprises italiennes pour avoir de nouveaux marchés», a également affirmé MHE, qui a fait valoir le rôle que joue le Maroc dans le pilotage des écosystèmes Renault et Peugeot, et a illustré ses propos par l’engagement pris par le PDG de PSA envers les équipementiers: «si vous décrochez le contrat de l’usine de Kenitra, vous aurez automatiquement le contrat de nos usines en Espagne».

MHE propose donc aux industriels italiens de gagner, ensemble, de nouveaux marchés et de créer de nouveaux emplois aussi bien en Italie, qu'au Maroc. Un nouveau deal à négocier et dans lequel tout le monde sera gagnant.

Autre moment fort de ce rendez-vous de Turin: le témoignage des patrons de trois entreprises italiennes basées au Maroc.

Il s’agit de MTA Automotive Solutions (spécialisée dans les composants électroniques et électromécaniques, opérationnelle à Kenitra depuis juin 2018); de SIGIT (fabricant de pièes plastiques, installé à Tanger depuis 2014) et, enfin, de Proma (spécialisée dans la fabrication des sous-ensembles et composants métalliques).

Proma a inauguré sa nouvelle usine «Proma Industrie» à Kenitra pas plus tard qu'en septembre dernier et dispose déjà d’une autre usine à Casablanca, «Promaghreb», qui réalise l’assemblage et la livraison des sièges pour toute la production des voitures fabriquées par Somaca, y compris la production de mousse et la peinture cataphorèse.

«Le Maroc, c’est l’avenir de la voiture», a conclu le président du groupe Proma, Nicola Giorgio Pino, en vrai connaisseur de l’industrie automobile marocaine, puisqu’il a été président de Fiat Auto Maroc pendant une vingtaine d’années, soit à une époque où les premières voitures économiques (Uno, Palio, Siena) sortaient des chaîne de l’usine Somaca, alors détenue par la firme turinoise Fiat.

Par Wadie El Mouden
Le 17/11/2019 à 17h00