L’après-Brexit peut être bénéfique aux relations commerciales entre le Maroc et le Royaume-Uni

Big Ben, au centre de Londres. 

Big Ben, au centre de Londres.  . DR

Alors que le Royaume-Uni fait face à l'une de ses plus graves crises politiques, il est encore difficile de prédire son avenir économique. Toutefois, cette crise pourrait déboucher, après le Brexit, sur de nouvelles formes d'alliances économiques avec des partenaires hors UE, comme le Maroc.

Le 10/09/2019 à 16h15

Le Maroc est un pays réputé pour la diversité de son économie et son large potentiel d'investissement, affirme l'anglo-marocaine Najat Benchiba-Savenius, une femme d'affaires aguerrie, à la tête de "Gazelle Advisory Group", une plateforme interactive d'échanges entre les entreprises et les investisseurs, basée à Londres.

Dans le contexte de la crise politique qui sévit depuis plus de trois ans en Grande-Bretagne et qui se complique davantage, notamment après l'approbation, lundi dernier, par la Reine Elizabeth II d'une loi demandant le report du Brexit, Najat Benchiba-Savenius estime qu'il est difficile de prédire l'avenir économique du Royaume-Uni d'ici au 31 octobre, la date butoir de sortie de l'UE. Mais pour elle, toutefois, cette étape pourrait offrir de nouvelles opportunités économiques au pays en lui permettant de nouer de nouvelles relations commerciales avec d'autres partenaires.

Si le sujet du Brexit a été très peu abordé par les politiques et les médias au Maroc, il aura, selon toute vraisemblance, des conséquences sur l'économie marocaine liée en grande partie à l'Union européenne.

Quel effet aura donc le Brexit sur le Maroc, pour lequel le marché britannique a pris de l'importance ces dernières années, sachant que les statistiques du ministère marocain du Commerce extérieur font de ce marché le 7e client et le 15e fournisseur du Maroc?

Pour cette femme d'affaires marocco-britannique, certains pays sont impatients de tirer profit des premiers accords de libre-échange avec la Grande-Bretagne afin de garantir des accords préférentiels après le Brexit.

Par ailleurs, étant donné que la Grande-Bretagne ne peut pas commencer à signer des accords commerciaux en tant que membre actuel de l'Union européenne, le gouvernement britannique, aujourd’hui dirigé par le Premier ministre Boris Johnson, a émis sa volonté d'accorder une priorité au traitement des accords commerciaux avec les pays hors UE.

Parmi les pays «qui pourraient négocier de nouveaux accords commerciaux avec le Royaume-Uni, figure le Maroc», estime Najat Benchiba-Savenius, qui rappelle que «le Royaume dispose actuellement d'accords commerciaux avec la Grande-Bretagne, qui fonctionnent très bien».

Pour Najat Benchiba-Savenius, il serait donc important de saisir cette opportunité pour lancer de nouvelles relations d'affaires avec le Royaume-Uni.

Le Maroc et le Royaume-Uni avaient lancé la première série d’un dialogue stratégique en juillet 2018 à Londres, avec la signature d’un accord sous forme d’échange de lettres portant institution de ce dialogue, par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, et l'actuel Premier ministre Boris Johnson, à cette période ministre des Affaires étrangères et du Commonwealth.

Ce dialogue stratégique se base sur quatre thématiques principales: «la Politique», «la Sécurité», «l'Économie et le commerce» et «la Culture, l'éducation et la jeunesse».

Le dialogue stratégique portera, en outre, sur des questions stratégiques d’intérêt mutuel, alors que son esprit se fonde sur le respect mutuel dans l’esprit d’amitié et de coopération étroite qui caractérise les relations entre les deux Royaumes.

Le potentiel du Maroc pour le développement de relations commerciales plus importantes avec le Royaume-Uni a été maintes fois mis en exergue par des responsables britanniques.

Dans une déclaration à la MAP, en marge de la 4ème édition du Morocco capital market days organisé en avril dernier à la bourse de Londres, l'ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc, Thomas Reilly avait souligné que «si le Brexit devrait aboutir, les entreprises britanniques devraient absolument être plus confiantes et aller saisir les opportunités présentes dans les marchés où elles n'ont pas encore suffisamment investi, le Maroc inclus».

Thomas Reilly avait estimé que le «Maroc représente une grande opportunité pour le marché britannique, ce qui n'a pas encore été vraiment saisi par nos entreprises».

Séisme économique pour les uns, opportunité à saisir pour les autres, le Brexit ouvrira certes une nouvelle page dans les relations internationales de la Grande-Bretagne, qui commence déjà à examiner avec des partenaires potentiels les moyens d'asseoir une présence commerciale plus forte pour compenser le manque à gagner engendré par sa séparation d’avec l’Union Européenne.

Par Nabila Zourara (MAP)
Le 10/09/2019 à 16h15