Assises du commerce: les recommandations de l’UGEP

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L’Union général des entreprises et des professions (UGEP) prend part aux travaux des Assises du commerce, qui se tiennent les 24 et 25 avril à Marrakech. Voici à quoi ressemble sa contribution.

Le 24/04/2019 à 13h56

Pour donner un nouveau souffle au secteur du commerce, la vision de l’UGEP, l’un des syndicats les plus représentatifs des commerçants au Maroc, s’articule autour de quatre principaux axes. Nous reproduisons ci-après la note préparée par ledit syndicat à la veille des Assises du commerce.

1-Renforcement du rôle des principaux acteurs dans le secteur du commercePour cela, il faut dans un premier temps revoir le rôle que doit jouer les chambres de commerce pour qu’elles puissent avoir un rôle décisionnel et non plus consultatif dans tous les aspects touchant au commerce, l’industrie et les services dans les régions où elles se trouvent. Elles se doivent de devenir un acteur principal du développement des régions.

La participation active des syndicats professionnels les plus représentatifs dans ce secteur est dans un deuxième temps une nécessité impérative notamment pour l’élaboration, la mise en place et le suivi de la stratégie nationale de relance du secteur.

Il faut dans un troisième temps instaurer une concertation permanente entre les différents opérateurs du secteur pilotée par le Ministère de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique pour dépasser les éventuels écueils qui pourraient entraver la réussite de cette stratégie de relance.

Il faut enfin une concertation avec tous les opérateurs du secteur pour recueillir leurs propositions et recommandations avant l’élaboration des lois de finances annuelles 

2-Mise en place des dispositifs adéquats pour permettre la modernisation, l’organisation et l’animation du secteur

- Couverture socialeLa Direction du Commerce intérieur avait fait à ce niveau des propositions intéressantes qui avaient reçu l’approbation des syndicats professionnels les plus représentatifs, dont notamment la création de la fondation des œuvres sociales des commerçants. Malheureusement rien de ce qui avait été discuté n’a été concrétisé. La mise en place de cette fondation permettra à notre avis de faire adhérer un grand nombre de commerçants à cette couverture sociale.- FiscalitéDans l’optique de la tenue des assises de la fiscalité, les syndicats professionnels les plus représentatifs dans ce secteur ont été associés aux réflexions et recommandations menées au niveau des différentes commissions qui ont préparé cet important évènement. Il faut remercier ici la Direction Générale des impôts pour l’esprit constructif et l’écoute qu’elle a portée à nos doléances étant entendu que l’objectif était de rétablir la confiance entre les contribuables et l’administration fiscale afin que l’acte de régler ses impôts redevienne pour le contribuable un acte citoyen.

Au niveau du commerce de proximité, il a été proposé principalement d’abandonner le régime d’imposition au forfait et de le remplacer par une contribution professionnelle unique qui comprendra un volet Etat (IR) et un volet local (taxes et redevances locales) mais sous la forme d’un montant unique indiqué au contribuable (somme des deux taxes).

Cette Contribution Professionnelle Unique sera déclinée par activité et sur tout le territoire selon les spécificités de la région où se trouve le commerçant.

A ce sujet, il va falloir revoir la fiscalité locale où on constate une multitude de taxes et de redevances et une multitude d’intervenants. La problématique de la pertinence de la taxe professionnelle reste posée surtout si on est dans l’optique de favoriser l’investissement.

- Formation, sensibilisationA ce niveau, un travail collectif doit être mené par les services du Ministère, les chambres de commerce et les syndicats professionnels pour proposer, mettre en place et assurer la formation continue de cette population de commerçants afin de les organiser, les moderniser et les préparer à affronter les défis qui les attendent.Il faut rappeler ici que les syndicats professionnels ont un rôle important à jouer dans les actions de formation mais aussi d’organisation d’actions de sensibilisation sur le terrain de cette population de commerçants (journées d’étude pour l’organisation, la modernisation et l’amélioration de la manière de travailler). Les pouvoirs publics se doivent de soutenir ces organisations pour pouvoir assurer efficacement cette mission.

- Financement

Nous constatons à ce niveau que l’accès au financement pour cette catégorie de professions demeure difficile et très couteux. Il faut assouplir les conditions d’accès au concours bancaires au vu de la mise en place des mécanismes de garantie par la Caisse centrale de garantie.

- Urbanisme professionnel

Il faut l’instauration d’un cadre juridique régissant l’urbanisme professionnel (relatif aux professions et métiers) de concert avec les ministères de l’intérieur, de l’habitat de l’urbanisme et de la politique de la ville et le ministère de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique. La participation des opérateurs du secteur dans l’élaboration de ce cadre juridique est essentielle, avec notamment celle des syndicats professionnels.

3-Préparation efficace aux défis de l’arrivée du digital dans le secteur du commerce

Le développement rapide du commerce électronique au Maroc va nécessairement bouleverser les habitudes de consommation des citoyens. Les commerçants, et principalement les commerçants de proximité, doivent se préparer aux nouvelles exigences des consommateurs surtout que l’arrivée du commerce via le téléphone mobile occasionnera une concurrence encore plus rude.

4-Mise en place de mesures efficientes pour gérer la problématique de l’informel

L’informel est à notre avis un sujet qui mérite qu’on lui consacre des assises dédiées. L’économie informelle est présente dans sa grande majorité au niveau du secteur du commerce et principalement au niveau du commerce de proximité.

Une des mesures qui à notre sens permettra de mieux gérer cette problématique, c’est la création des marchés dédiés aux commerçants de proximité (qui étaient auparavant dans l’informel) qui leur offrent toutes les conditions pour exercer sereinement leur activité. Les expériences réussies au niveau de la préfecture de Sidi Bernoussi à Casablanca représentent un modèle qui peut être généralisé.

L’encouragement de ces commerçants issus de l’informel à devenir des auto-entrepreneurs est une autre mesure pour gérer et dépasser cette problématique. Encore faut-il que ce régime des auto-entrepreneurs puisse être réaménage de manière à:

• rendre plus efficient et rapide le process d’attribution du statut d’auto-entrepreneur

• donner la possibilité d’accès de cette catégorie à la couverture sociale

• donner la possibilité à cette catégorie de pouvoir embaucher un ou deux salariés apprentis

Le commerce, et principalement le commerce de proximité, emploie des centaines de milliers de personnes dans notre pays et permet de ce fait de prendre en charge les besoins de millions de Marocains. Ce secteur mérite qu’on lui accorde toute l’importance qu’il mérite en:

- mettant à sa disposition tous les moyens adéquats pour qu’il puisse se développer

Institutionnalisant une concertation et un dialogue permanent entre tous les opérateurs du secteur et le gouvernement pour accompagner efficacement son développement.

Par Ayoub Khattabi
Le 24/04/2019 à 13h56