Virginité: des astuces pour entretenir le mythe de la chasteté

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Revue de presseKiosque360. Le fantasme de la défloration hante l’imaginaire de la majorité des hommes marocains, pour qui le sang sur le drap nuptial reste un gage de pureté. Conscientes de cette obsession, les mariées non-vierges trichent pour éviter le scandale. Le journal Le Monde a mené l’enquête.

Le 25/09/2017 à 22h01

«Au Maroc, la virginité à tout prix: «Ils veulent du sang, on leur en donne»». C’est le titre choisi par le journal français Le Monde pour une enquête sociétale sur la virginité au Maroc, parue dans son édition du 24 septembre.

Le sujet est abordé à travers l’expérience d’une jeune femme, Selma, 27 ans, qui avait déjà vécu «sa première fois» dans les bras d'un camarade d'Université, durant ses années d’études à Casablanca, avant de se marier à un homme auquel elle n’a jamais osé dire la vérité, de peur d’être humiliée et, surtout, de le perdre. Le jour de ses noces, sur le conseil de ses amies, elle a sauvé l'«honneur» en recourant à une capsule de sang artificiel quelle a insérée, 20 minutes avant le rapport sexuel, dans son organe génital. La capsule en question a éclaté sous l’effet de la chaleur, donnant l’impression au mari d’être le grand conquérant.

L’auteure de l’article explique que ce «kit de virginité», commercialisé par une société chinoise et vendu à 200 dirhams, a été inventé dans les années 1990 par un fabricant japonais de sex-toys. La capsule servait de jouet érotique aux Japonais, avant que les Chinois ne découvrent la manne du marché de la virginité dans les pays musulmans.

Disponible depuis la fin des années 2000, la capsule, vendue par des commerçants chinois ou par des parfumeurs et composée d’albumine naturelle, fait de l’ombre à l’hyménoplastie, reconstruction de l’hymen, pratiquée clandestinement depuis plus de 30 ans par des gynécologues et des chirurgiens esthétiques, contre plusieurs milliers de dirhams.

«…La vie sexuelle avant le mariage existe, mais elle n’est pas assumée…», affirme la sexologue Imane Kendili. «L’honneur de la famille se mesure à la virginité de la femme… On juge de sa valeur à partir de cette membrane très fragile qu’est l’hymen...», note, quant à elle, la sociologue et militante féministe Soumaya Naamane Guessous qui souligne que, « le célibat étant prolongé, il est plus difficile pour une femme de rester chaste jusqu’au mariage». Et pourtant, certains hommes n’hésitent pas à emmener leurs futures épouses chez un gynécologue pour demander un certificat médico-légal de bonnes mœurs.

Par Zineb El Ouilani
Le 25/09/2017 à 22h01