Santé: contrats avec des médecins étrangers pour exercer en milieu rural

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Revue de presseKiosque360. Face à l’important déficit en matière de médecins marocains, particulièrement dans le secteur public et en milieu rural, le ministère de la Santé vient de donner son feu vert au recours à des médecins étrangers. La province de Tata ouvre le bal avec 20 médecins sénégalais contractuels.

Le 16/04/2018 à 21h58

Rares sont les médecins marocains qui acceptent aujourd’hui d’exercer en milieu rural. Pour preuve, cette année, le ministère de la Santé a ouvert un concours pour le recrutement de 32 médecins en vue de travailler dans les centres de santé de l’hinterland de la province de Tata. Pas un seul dossier de candidature n’a été déposé.

Cette situation n’est pas nouvelle et se reproduit pratiquement chaque année. C’est d’ailleurs ce qui avait amené l’ancien ministre de la Santé, El Houssaïne Louardi, à tenter de résoudre cette problématique dont pâtit le monde rural, et ce à travers le fameux projet de loi sur le service sanitaire obligatoire. Mal lui en pris. A tel point que ce projet semble aujourd’hui définitivement enterré par l’actuel gouvernement qui ne compte pas se mettre à dos les étudiants des facultés de médecine ayant défié Louardi à travers plusieurs mouvements de grèves et de marches de protestation contre ce service sanitaire mort-né.

C’est donc pour mettre fin à ce désert sanitaire en milieu rural, que le ministère de la Santé vient d’autoriser la signature de contrats à durée déterminée avec des médecins étrangers. Selon les quotidiens Al Ahdath Al Maghribia et Al Massae de ce mardi 17 avril, c’est Anas Doukkali, ministre de la Santé, qui a confirmé ce recours aux médecins étrangers, et ce en réponse à une question écrite du parlementaire istiqlalien Ali Kayouh sur ce sujet.

Ainsi Anas Doukkali a précisé que son département a donné son feu vert au Conseil provincial de Tata en vue de faire appel à vingt médecins sénégalais pour couvrir tous les centres de santé de cette localité située dans la partie sud-est de la région du Souss-Massa-Draa. Ces médecins subsahariens ont été déjà sélectionnés sur la base d’un appel à candidature lancé à Dakar, qui a connu un grand engouement. Al Massae précise que toute la province de Tata et ses quelque 120.000 habitants ne disposent, en tout et pour tout, que de 8 médecins quasiment concentrés dans le chef-lieu de la province.

Al Ahdath précise pour sa part que cette désaffection pour le milieu rural de la part des médecins marocains réside dans le fort déséquilibre créé ces derniers temps par les très lucratifs cliniques et cabinets privés qui absorbent aujourd’hui quelque 53% des médecins marocains, sans parler de la fuite des cerveaux vers l’Europe… dûment autorisée par le gouvernement marocain.

Par Mohammed Ould Boah
Le 16/04/2018 à 21h58