Retour des MRE, le CCME soulève la question des éternels exclus

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Le flux des retours des MRE s'est particulièrement accéléré ces trois dernières années. Si la plupart bénéficient de mesures destinées à faciliter ce retour, une tranche de cette population reste sur la sellette, celle des migrants qui étaient en situation irrégulière dans le pays d'accueil.

Le 13/08/2013 à 21h58, mis à jour le 14/08/2013 à 10h03

Durant ces trois dernières années, près de 30.000 Marocains résidant à l’étranger (MRE) sont retournés au pays. D’après Abdellatif Maâzouz, ministre délégué chargé des MRE (ministre istiqlalien sortant), les crises politiques qui déstabilisent nombre de pays arabes et africains, ainsi que la crise économique qui sévit depuis plusieurs années en Europe, sont les causes premières de ces retours. Maâzouz a ainsi fait part au comité ministériel chargé des MRE de la nécessité de faire face à cette nouvelle réalité en mettant tout en œuvre pour faciliter la réintégration des arrivants, et en particulier celle des enfants et des jeunes.

Scolarisation, logement, santé, emploi constituent les urgences auxquelles le ministre compte répondre en prenant plusieurs mesures destinées à faciliter l’accès au logement social, à l’école, à l’université et aux divers instituts spécialisés, ainsi que la prise en charge gratuite des soins pour les personnes souffrant de maladies chroniques, a-t-il précisé. Par ailleurs, le ministre a proposé la mise en place d’un cadre juridique visant à une institutionnalisation du comité ministériel chargé des MRE qui permettrait une meilleure coordination entre les divers départements et institutions concernés, ainsi qu’un meilleur suivi des actions et projets relatifs aux Marocains de l’étranger.

La situation des MRE irréguliers en pays d'accueil

Mais si le retour des migrants est entouré de certaines mesures et parfois même applaudi lorsqu’il s’agit de ceux qu’on appelle "les cerveaux" et dont le pays souffre depuis longtemps de la fuite, celui des marocains qui étaient en situation irrégulière à l’étranger reste particulièrement difficile. Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) s’est penché sur la situation de ces marocains qui ne trouvent leur place nulle part.

Les initiatives prises par le CCME à ce propos ont notamment consisté à entreprendre un travail en association avec l’Institut britannique de recherche en politiques publiques (IPPR) pour, entre autres et au travers d’une recherche baptisée "Beyound irregularity", tenter d’apporter une réponse à cette question touchant à une réalité sociétale d’actualité et, manifestement, problématique : "Retour des migrants irréguliers au Maroc : Quelles politiques de réintégration ?" Telle est l’une des questions fondamentales que pose le Conseil dans son étude sur la situation migratoire au Maroc. Et les conclusions tirées des différentes enquêtes menées sur le terrain conduisent en effet à ce constat : autant les MRE en situation régulière dans leur pays d’accueil bénéficient de programmes destinés à faciliter leur retour et leur installation dans leur pays d’origine, autant ceux qui vivaient dans l’irrégularité restent exclus de toute mesure de réintégration.

Par Bouthaina Azami
Le 13/08/2013 à 21h58, mis à jour le 14/08/2013 à 10h03