Rabat: devant le juge, un baron admet avoir introduit 423 tonnes de drogue en Europe

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Revue de presseKiosque360. C’est une révélation explosive que vient de faire un baron de la drogue face aux juges de la Cour d’appel de Rabat, lundi dernier. Il a reconnu qu’avec la complicité des gendarmes actuellement détenus dans cette affaire, il avait fait passer plus de 423 tonnes de drogue vers l’Europe.

Le 17/09/2019 à 22h52

Dans la célèbre affaire de trafic international de drogue qu'examine actuellement la justice à Rabat, et où sont impliqués pas moins de 30 gendarmes, dont cinq colonels, tous en état d’arrestation, un baron de la drogue, déjà condamné à 10 ans de prison dans une autre affaire de trafic, a livré un témoignage explosif dans ce second dossier où il est également poursuivi.

Selon le quotidien Al Akhbar du mercredi 18 septembre, c’est lors d’une audience de la Cour d’appel de Rabat, tenue lundi dernier, que ce baron a accablé les présumés coupables qui comparaissaient devant les juges, à travers de lourdes accusations. Même d’autres trafiquants de drogue actuellement sous les verrous, et condamnés pour la plupart à des peines allant de 6 à 12 ans de prison, risquent la réouverture de leurs dossiers suite aux nouvelles charges débitées par ce baron.

En effet, et devant les gendarmes poursuivis, leurs familles et avocats, ce baron a affirmé avoir assisté personnellement à plusieurs réunions secrètes entre les trafiquants et lesdits gendarmes, où des accords sonnants et trébuchants, en vertu desquels des cargaisons de drogue seront transportées «librement vers l’Europe», ont été conclus. Le rôle de ce baron était de premier ordre, car c’est lui qui était chargé à chaque fois de convoyer la drogue. Ajoutant que, pour ce faire, il s’était acheté une semi-remorque à 1.280.000 dirhams, pour exécuter ce juteux trafic, auquel d’autres camionneurs s’adonnaient également. Mais pour mieux justifier la «couverture» que les procuraient les gendarmes poursuivis, il a déclaré, qu’à lui seul, il avait transporté vers l’Europe plus de 423 tonnes à partir d’Agadir, Dakhla, ou les ports du Nord, précisant que chaque voyage lui rapportai 80.000 dirhams, payés par un «émissaire» chargé de l’accompagner à bon port.

Pour donner avec exactitude les chiffres et les dates, en réponse aux questions des juges, Al Akhbar rapporte que le prévenu s’aidait de ses notes consignées dans des papiers qu’il consultait de temps à autre. Face à ce déballage, à travers des «données précises», les avocats des autres prévenus ont qualifié toutes ces accusations de «mensonges», de «règlements de comptes» et de «vengeance» contre des gendarmes qui se seraient plutôt dressés loyalement contre son trafic illégal.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 17/09/2019 à 22h52