Peu massives, ultra médiatisées, les protestations de GenZ212 se poursuivent

Des jeunes de la génération Z protestent à Casablanca (A.Gadrouz/Le360.)

Le 30/09/2025 à 12h37

VidéoEntamées le week-end dernier, les manifestations pour la réforme des secteurs de la santé et de l’éducation se sont poursuivies hier lundi 29 septembre dans certaines villes. À Casablanca, les forces de l’ordre ont empêché un sit-in à Derb Ghallef, haut lieu du commerce dans la ville, pour protéger personnes et biens. Comptant quelques dizaines de participants, une marche a eu lieu dans le quartier populaire Derb Sultan. Reportage.

Casablanca, lundi soir. Après une brève accalmie, des jeunes de la génération Z ont de nouveau investi des rues de la métropole économique. Deux jours après les premiers rassemblements observés dans certaines villes, des dizaines de jeunes se sont retrouvés sur la place Al-Sraghna, dans le quartier populaire Derb Sultan, pour faire entendre leurs revendications. Un autre rendez-vous avait été fixé à Derb Ghallef, mais le dispositif de sécurité en place a empêché tout rassemblement. Le but étant d’éviter tout blocage dans une des artères les plus névralgiques de Casablanca, mais aussi de protéger les nombreux commerces qui s’y trouvent ainsi que les personnes qui en vivent et qui s’y rendent.

À Derb Sultan, pancartes à la main, slogans scandés en chœur, les manifestants ont de nouveau réclamé deux réformes profondes dans deux secteurs vitaux: un système éducatif à la hauteur et des hôpitaux plus performants. «Notre protestation est pacifique. Nous voulons un Maroc meilleur, avec des hôpitaux qui soignent réellement», lance un jeune manifestant. À ses côtés, un autre ajoute: «Nous voulons des écoles qui nous ouvrent l’avenir et un enseignement digne».

Le même lundi, d’autres manifestations ont également eu lieu dans des villes comme Rabat ou Marrakech, mais, là encore, avec très peu d’affluence. Même faibles, ces mobilisations bénéficient d’une forte médiatisation et sont densément relayées par les réseaux sociaux. «C’est à croire que le but est le partage sur internet et non la mobilisation sur le terrain», remarque cet observateur.

La raison est simple, tout le «mouvement» a pris racine dans l’espace numérique, plus précisément sur Discord, une plateforme initialement dédiée aux passionnés de jeux vidéo, devenue aujourd’hui un point de ralliement pour une génération connectée, en quête de changement. Un élément qui fait à la fois la force de l’initiative, mais aussi sa faiblesse. L’anonymat qui caractérise ses initiateurs fait qu’aucun dialogue ne peut être enclenché. Il explique également l’interdiction dont ces manifestations ont fait l’objet de la part des autorités.

Aucun blessé ni dégât matériel

Cité par l’agence MAP, un expert sécuritaire ne disait pas autre chose hier lundi. Pour lui, ces manifestations sont l’émanation de parties inconnues, sur la base de conversations anonymes diffusées sur des réseaux sociaux. Autoriser des sit-in alors que leurs initiateurs sont de parfaits inconnus, c’est jouer avec l’ordre public.

Partant, on retiendra que l’intervention des forces de l’ordre a été très mesurée. C’est ainsi que des unités en uniforme et en civil, clairement identifiées, ont été mobilisées le week-end dernier. Elles n’étaient équipées ni d’armes de service ni de moyens classiques de dispersion, tels que matraques ou gaz lacrymogènes, précise l’expert.

L’objectif, souligne la même source, était d’assurer la sécurité sans excès, en privilégiant la dissuasion et la prévention. Après avoir garanti la fluidité de la circulation, les forces de l’ordre ont adressé les avertissements légaux par mégaphone, avant de disperser pacifiquement les attroupements. La majorité des participants s’est conformée, sans heurts. Seule une minorité a refusé d’obtempérer. Ces personnes ont été interpellées, contrôlées sous la supervision du parquet, puis relâchées aussitôt, sauf dans les cas où des infractions caractérisées ont été constatées, notamment à Rabat et Casablanca, entraînant des gardes à vue légales. À noter qu’aucun blessé ni dégât matériel n’ont été enregistrés.

Par Fatima El Karzabi et Adil Gadrouz
Le 30/09/2025 à 12h37