Alors qu’il affirme dans plusieurs pages de son livre avoir poursuivi une partie de sa scolarité au Collège royal à Rabat, le prince Moulay Hicham n’a jamais été admis dans cet établissement. Contacté par Le360 au sujet de la scolarité de Moulay Hicham, un professeur, qui a officié au Collège royal pendant la période citée par le prince dans son livre, est catégorique : "Le prince Moulay Hicham n’a jamais été inscrit au Collège royal et n’a jamais suivi un seul cours au sein de cet établissement. Il a fait l’école américaine". Pour s’en persuader, il suffit de se référer à la décoration de Abdelhamid Benzouina, professeur d’arabe au Collège royal, à l’occasion de la fête du trône le 30 juillet 2012. A cette occasion, le directeur du protocole royal et de la chancellerie, Abdeljawad Belhaj, a cité tous les membres de la famille royale à qui ce professeur a dispensé des cours au Collège royal : Mohammed VI, roi du Maroc, Moulay El Hassan, prince héritier du Maroc, Moulay Rachid, Lalla Meryem, Lalla Asma, Lalla Hasna, Moulay Ismael, Moulay Idriss Filali, Moulay El Yazid Bouchentouf et Moulay Youssef El Alaoui. Il manque à l’appel celui qui affirme avoir usé ses fonds de culottes sur les bancs du Collège royal. Une autre source familière du Collège royal précise à Le360 que "Moulay Hicham était incapable de suivre la cadence du Collège royal et n’avait pas le niveau requis pour y être accepté". Pourtant Moulay Hicham affabule toute une histoire sur sa scolarité pendant deux ans au Collège royal dans un livre où il jure ses grands dieux de dire la vérité et rien que la vérité.
Moulay Hicham écrit dans son livre intitulé Journal d’un prince banni : "En septembre 1970, à six ans, j’intègre le Collège royal, un établissement logé dans un bâtiment sobre dans l’enceinte du Palais, le méchouar". Ensuite, le prince décrit longuement ce "lieu d’excellence" où il n’a jamais suivi un seul cours. Il faut bien considérer la chose : le prince ne parle pas de quelques jours ou quelques mois passés au collège royal (ce qui serait déjà en soi un mensonge éhonté), mais parle de deux années ! Il se dit "très content d’aller en classe avec son cousin Sidi Mohammed". Quel aplomb ! Et de poursuivre : "Il faut lever la main pour obtenir la parole, se mettre debout pour répondre au professeur qui, au-delà de son autorité pédagogique, est encouragé à nous "corriger" physiquement". Quelle imagination ! Et puis il parle du classement des élèves, des matchs de football qui l’opposaient à l’équipe du prince héritier et où il était contraint de le laisser à chaque fois gagner pour ne pas commettre d'affront vis-à-vis de l’ordre établi par le makhzen. Il parle de "triche érigée en système dans nos compétitions pour assurer la victoire du prince héritier". Or, s’il y a un tricheur dans cette histoire, c’est bien celui qui s’invite dans une école où il n’a pas été admis. Soit Moulay Hicham prend les Marocains pour des idiots, soit il se moque d’eux.
A quelles fins Moulay Hicham affabule-t-il ?
Moulay Hicham ne se contente pas seulement de s’inventer une scolarité au Collège royal. Il y invite aussi d’illustres hôtes qui ne lui ont pas demandé d’en faire tant. Il affirme à ce sujet, à propos du Cheikh Mohammed Bin Zayed al-Nahyan: Il "avait été au Collège royal avec Sidi Mohammed et moi jusqu’à l’âge de dix ans". Le Cheikh Mohammed Bin Zayed al-Nahyan, qui est l’actuel prince héritier et ministre de la défense d’Abu Dhabi, n’a jamais été scolarisé au Collège royal. On ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer. Mais le fait est que cet épisode de la scolarité fictive de Moulay Hicham au Collège royal discrédite très sévèrement la véracité des faits rapportés par le prince dans son livre. D’ailleurs, il est impossible de trouver une image du prince dans les reportages filmés lors des cérémonies de fin d’année au Collège royal ou même une photo orpheline. La seule activité à laquelle Moulay Hicham a pris part en compagnie des élèves du Collège royal est une activité parascolaire dans le cadre d’une excursion liée à des activités de scoutisme à Ifrane. "Etant d’une nature très peu sociable et n’ayant aucun sens du collectif, Moulay Hicham n’a pas réussi à marcher jusqu’au bout lors de cette excursion et a rebroussé chemin", ajoute notre source.
A quelles fins Moulay Hicham affabule-t-il ? L’épisode fictif du Collège royal revêt une importance considérable dans le conflit que va créer dans son livre Moulay Hicham avec son cousin le roi Mohammed VI. C’est à partir de là qu’il se donne un rôle de protagoniste, d’un acteur important et assoit les fondations d’une tension avec son cousin, destiné à être roi du Maroc. Quand on se rend compte que toute cette partie sort littéralement de la tête du prince et qu’elle n’a aucun ancrage dans le réel, on se dit : soit Moulay Hicham est un menteur, soit il est fou.