Meurtre d’Imlil: les aveux de Kevin Zoller Cuervos

Recueillement à Imlil, dans le Haut Atlas, après l'assassinat de deux touristes scandinaves, survenu le 17 décembre 2018. 

Recueillement à Imlil, dans le Haut Atlas, après l'assassinat de deux touristes scandinaves, survenu le 17 décembre 2018.  . DR

Arrêté au Maroc dans le cadre de l’enquête sur le meurtre d’Imlil, l’extrémiste suisse naturalisé espagnol Kevin Zoller Cuervos a finalement avoué devant la Justice avoir été au courant des projet terroristes de la cellule démantelée suite à ce drame. Les détails.

Le 20/06/2019 à 15h02

Son entourage a eu beau tenter de faire croire à une «erreur judiciaire» et clamé son innocence, Kevin Zoller Cuervos était bien de mèche avec les exécutants de l'abominable assassinat de deux touristes scandinaves à Imlil. C’est ce que cet extrémiste suisse, naturalisé espagnol, a lui-même avoué, ce jeudi 20 juin, devant le juge de la chambre criminelle en charge des affaires de terrorisme à la Cour d’appel de Salé.

Converti à l’islam en 2011, Kevin Zoller Cuervos a ainsi déclaré avoir été au courant des projets terroristes de l’un des principaux suspects dans cette affaire, soit Abdessamad Joud. Celui-ci projetait de s’attaquer à des barrages de sécurité et de voler des armes, précise ce ressortissant hispano-suisse.

A une question qui lui a été posée, à savoir s’il avait, un jour, écouté une conversation entre Abdessamad Joud et deux autres suspects, et où il était question d’un projet terroriste, Zoller Cuervos a répondu par l’affirmative.

Sur ce projet, il a précisé qu'il a également été question, au cours de cette conversation, d’attaquer des touristes.

Cette conversation, à laquelle le concerné a pris part, a d’ailleurs eu lieu lors d’une sortie près d’un des barrages dans la région de Marrakech, a précisé Zoller. «Joud avait des idées extrémistes et il était aligné sur l’idéologie de l’organisation Daech. C’est ce qui m’a poussé à prendre mes distances avec lui depuis maintenant deux ans», a ajouté le suspect.

Pour Me Khalid El Fatoui, avocat de la victime danoise, «même s’il nie avoir prêté allégeance à Daech, Kevin Zoller Cuervos a joué un rôle essentiel dans l’encadrement des auteurs de ce crime. Un des suspects a même avoué lors d’une précédente audience que l’Hispano-suisse leur a tenu un discours laudateurs à l’égard de Daech et expliqué, carte à l’appui, toutes les zones où ce groupe était présent».

Pour rappel, 24 personnes sont actuellement poursuivies dans le cadre de cette affaire.

Elles sont notamment accusées de meurtre prémédité avec actes de mutilations et de constitution d’une bande en vue de commettre des actes terroristes.

L'Hispano-Suisse, surnommé "Abdellah", est pour sa part accusé d'avoir appris aux principaux suspects à utiliser une messagerie cryptée, de "les avoir entraînés au tir" dans une salle de paintball, d'avoir participé à leurs réunions et planifié avec eux des attaques jamais mises en oeuvre, selon l'acte d'accusation.

Lors des audiences précédentes, les principaux suspects sont passés aux aveux, et ont reconnu avoir décapité les deux touristes scandinaves, et d'avoir filmé la scène avec un téléphone portable. 

Les deux victimes, Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, ont été assassinées à la mi-décembre dernier, au nom de l'organisation terroriste Daech, alors qu'elles campaient sur un site isolé dans le Haut-Atlas, dans la région d’El Haouz.

Par Fatima El Karzabi
Le 20/06/2019 à 15h02