Le calvaire des Marocains de Libye revient sous les feux de l’actualité. Mais cette fois pour montrer du doigt le chef du Gouvernement, accusé de les avoir abandonnés à leur sort. "Les Marocains de Libye accusent Benkirane de les avoir livrés à eux-mêmes", rapporte le quotidien Assabah dans son édition du mercredi 27 août. "Les Marocains restés coincés à Tripoli, théâtre d’interminables et néanmoins violents affrontements, ont le sentiment d’avoir été livrés à eux-mêmes et attribuent la responsabilité de leur calvaire au gouvernement Benkirane", relève le quotidien. Citant des sources à Tripoli, le quotidien explique que "le gouvernement leur a, d’abord, demandé de payer de leur poche les frais du retour". Ce qu’ils ont fait, ou presque. En effet, seulement une partie a réussi à se procurer la somme demandée, la majorité n’ayant que les yeux pour pleurer. Mais passons, car il y a pis que pire. Les services du consulat du Maroc à Tripoli ont déjà quitté le navire en détresse, laissant derrière -excusez du peu- 50.000 compatriotes sans recours. "L’opération d’inscription des Marocains désireux de rentrer, lancée par les services consulaires, s’est du coup arrêtée sous les flux géants accourus de toutes parts de la Libye", dévoile Assabah, qui évoque des témoignages recueillis sur place auprès des intéressés. L’entourage du consulat était tellement bondé que nombre d’expatriés ont dû passer la nuit dehors, n’ayant d’autre "lueur" que celle des obus et autres projectiles !
Voyage à haut risque vers Ras Jdir
Las, des Marocains de Libye tentent, à leurs risques et périls, la traversée du désert libyen vers Ras Jdir, en Tunisie. Selon Assabah, 2.500 auraient réussi à atteindre ce poste frontalier. Qu’en est-il du reste, alors ? Profitant d’une fragile accalmie à Misrata, 200 km à l’est de Tripoli, certains sont parvenus à prendre le large. D’autres, moins chanceux, ont défié fournaise et éclats d’obus pour s’aventurer vers les frontières égyptiennes. Face à cette insoutenable situation, surgit la question : Mais où est passée la cellule de crise créé par le gouvernement Benkirane en vue d'aider les immigrés marocains en Libye à retourner dans leur mère patrie? "Une fanfaronnade médiatique, ni plus ni moins", martèlent les sources d’Assabah, en enfonçant ce clou : "Elle était plutôt destinée à soigner l’image du pays à l’extérieur» ! Vrai, faux, une chose reste sûre : Le Roi Mohammed VI avait bel et bien donné ses instructions pour faciliter le rapatriement des Marocains de Libye. Mais prenons notre mal en patience, la tâche n’est pas de tout repos. D’autant moins que la situation en Libye échappe à tout contrôle.
Vers une intervention militaire en Libye?
"L’heure d’une intervention militaire en Libye a-t-elle sonné ?", s’interroge le quotidien Akhbar Al Yaoum, dans sa livraison du mercredi 27 août. "Des fuites médiatiques occidentales, relayées par le Daily Mirror et le centre américain d’études stratégiques, Atlantis Council, confirment l’existence d’un plan déjà établi pour une intervention militaire en Libye. Objectif : rétablir la paix et aider le pouvoir en place à restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire libyen", révèle le support arabophone, qui se demande si le Maroc participerait à cette intervention. Une hypothèse vite balayée d’un revers de la main par Abdelmajid Belghaza. Contacté par Akhbar Al Yaoum, cet expert en questions stratégiques écarte la possibilité que le royaume prenne part, du moins directement, à cette intervention, compte tenu, d’une part, des liens forts que le Maroc a su tisser, sous feu le Roi Hassan II, avec les tribus du sud libyen, pour déjouer les complots de Mouammar El Kadhafi, d’autre part, de l’importance stratégique que revêt la nouvelle Libye pour le Maroc d’aujourd’hui.