Lutte anti-criminalité: l'usage des armes à feu par la police marocaine est un droit

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Pour faire face à la montée de la criminalité, la police marocaine serait désormais appelée à faire de plus en plus usage de ses armes à feu. Il s'agit là d'un droit dans les cas de légitime de défense et de dissuasion face aux malfaiteurs.

Le 18/09/2016 à 13h04

Une série de tirs de sommation de la police à Fès a démontré que l'usage des armes à feu de service a permis de mettre hors d'état de nuire nombre de criminels qui agissaient en toute impunité dans la périphérie de la ville.

"Nous jouissons de ce droit que nous n'exploitions pas à fond jusqu'à présent parce que le niveau de la criminalité au Maroc n'aaitv pas atteint celui qui existe dans d'autres pays. Mais la loi et le règlement autorisent l'agent de police à faire usage de son arme quand il est en face d'une situation dangereuse ou d'urgence", selon des sources policières interrogées par Le360.

Le Maroc compte un effectif d'environ 50.000 policiers. Ils sont pour la plupart armés de pistolet Beretta 7,65 mm et de mitrailleuse HK.

Le 7,65 mm est une arme à feu semi-automatique de fabrication belge, conçue pour la défense personnelle, des militaires et des policiers. Ce modèle a une grande capacité au niveau de son chargeur de douze balles. A titre indicatif, un pistolet Beretta 7,65 mm, dont le poids est à peine de 685 grammes, coûte environ 8.000 dirhams à l'étranger.

Au Maroc, chaque agent de police dispose de munitions formées de inquantec balles, en plus de deux chargeurs de huit balles chacun. Il peut exploiter les deux chargeurs, soit seize balles, dans une seule et unique opération dangereuse. "On autorise huit balles pour chaque chargeur afin d'éviter d'endommager rapidement le canon de l'arme", précise-t-on de mêmes sources.

Le policier, en vertu de son règlement intérieur, doit privilégier, avant l'usage d'une arme à feu, la formule, dite dans le jargon professionnel, de "la proportionnalité". Quand un policier se retrouve, par exemple, face à un agresseur armé d'un gourdin, il doit se défendre et maîtriser le malfaiteur à l'aide d'un gourdin aussi. Or, cette règle est devenue désuète car les délinquants sont devenus violents en s'arment notamment de sabres.

Contrairement à la France, au Maroc, l'agent de police peut utiliser son arme à feu contre la délinquance durant ses heures de repos. Le gardien de la paix en uniforme, qui n'est plus en fraction dans la rue, a le droit de porter son arme quand il est habillé en civil et durant ses moments de repos.

Le droit lui permet de faire usage de son arme quand il est en face d'une violence, d'une agression ou d'un vol. Il use de ce droit uniquement dans le cadre de ce qu'on appelle chez la police "le respect de la territorialité". Le policier n'utilise en effet son arme à feu que dans la seule circonscription où il est affecté. Un exemple: il ne peut pas se servir de son arme à Rabat si son poste de commandement est à Fès. 

En cas de maladie et de départ en vacances, le policier doit impérativement remettre son arme à l'armurerie de la préfecture de police dont il dépend. "Le policier ne peut obtenir son attestation de congé que s'il remet un reçu de dépôt de son arme au service du personnel", souligne-t-on.

Il existe deux points peu réjouissants que la Sûreté nationale doit corriger à l'avenir. Il s'agit de l'absence de programmes relatifs à la formation aux tirs. A part le seul entraînement de base qu'il reçoit sur le maniement, l'usage et les tirs, à l'Ecole de police de Bouknadel et à l'Académie royale de Kénitra, l'agent de police n'est plus appelé à s'entraîner aux tirs. "Il n' y a pas d'autres séances de perfectionnement aux tirs, à part le programme de la formation de base à l'école", regrette-t-on.

Ce genre de formation "nécessite de grosses dépenses en munitions et en argent. C'est très coûteux", ont indiqué nos sources.

Le deuxième point est relatif à l'entretien de l'arme qui està la charge de l'agent de police uniquement.

Le dernier point strict concerne la perte ou le vol de l'arme en possession d'un policier. Celui-ci risque la révocation pure et simple. L’acquisition et la détention des armes et munitions est interdite au Maroc, sauf autorisation préfectorale. 

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 18/09/2016 à 13h04