Les Pieds-noirs cherchent à fonder un «État» en France ou en Algérie

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C’est une démarche pour le moins insolite que celle que sont en train d’entreprendre les Pieds-noirs, ces rapatriés français d’Algérie. Ils viennent de créer leur «gouvernement provisoire» et autres «institutions étatiques», en attendant d’acheter un «bout de terrain» pour y fonder leur entité.

Le 05/11/2017 à 15h44

Les Pieds-noirs sont un patchwork d’Européens (à grande majorité français mais aussi maltais, espagnols, belges…) ayant vécu en Algérie pendant plusieurs décennies, mais qui ont été rapatriés par la France, en 1962, dans la foulée de l’indépendance et de la fin de la guerre d’Algérie. Au même titre d’ailleurs que les Algériens de souche qui collaboraient avec les colons, à savoir les Harkis, et que la France a été obligée d’emporter dans ses valises pour leur éviter la vindicte populaire.

Le cas catalan en Espagne ayant fait des émules, dès le début de cette année, plusieurs intellectuels et activistes français du dit «peuple pied-noir» ont décidé la création d’un «gouvernement provisoire pied-noir en exil», qui vient d’ailleurs d’être nommé à Lattes, près de Montpellier. Un acte, pris dans un café-restaurant, qui se veut une réminiscence du passé voire une tentative de légitimation en calquant les historiques gouvernements provisoires du général de Gaulle à Londres et algérien des Ferhat Abbas et Ben Bella exilé au Maroc.

Toutes les institutions «formelles», nécessaires pour cet hypothétique nouveau-né, appelé «Fédération des deux rives» (de la Méditerranée et de la Mer noire), et dont le président est un astrophysicien du nom de Pierre Granès, ont été prévues (drapeau, hymne, parlement, services secrets –Eh oui !...). Il ne reste plus qu’à nommer les «ambassadeurs», le temps de trouver un «terrain à vendre» (200 à 300 hectares suffiront à ce «peuple» qui revendique 5 millions d’âmes). D’ailleurs deux missives ont été adressées aux présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelaziz Bouteflika, par le gouvernement pied-noir, pour lui octroyer un lopin de terre où aménager sa future entité.

Interpellé par le quotidien régional Midi Libre, le constitutionnaliste français, Dominique Rousseau, ne voit dans cette démarche que du pipeau. À moins que les Pieds-noirs ne cherchent à créer un «territoire privé», qui n’aura tout simplement aucune once de légitimité juridique. Autre argument massue du professeur Rousseau : «Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne conduit pas à revendiquer automatiquement un État.» Un argumentaire à méditer par les Algériens qui ne jurent que par le prétendu «peuple sahraoui», en attendant de connaître la suite qu’ils donneront à la demande du «peuple pied-noir». Une demande qui n'est pas aussi ubuesque qu'il ne le paraît, compte tenu du fait que le mot même "Algérie" est l'œuvre de ces Pieds-noirs.

Par Mohammed Ould Boah
Le 05/11/2017 à 15h44