Le vaccin «Covishield» commandé par le Maroc, qu’est-ce que c’est?

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Le premier lot du «Covishield» commandé par le Maroc sera administré dans un premier temps à un million de personnes. Kamal Marhoum Filali, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca explique en détails les particularités de ce vaccin.

Le 23/01/2021 à 11h33

Le vaccin «Covishield» développé par le laboratoire britannico-suédois AstraZeneca diffère de celui de Sinopharm également commandé par le Maroc. «C’est un autre concept. Il s’agit d’inoculer un virus autre que le coronavirus. C’est un adénovirus, peu virulent pour l’être humain», explique Kamal Marhoum Filali, chef de service des maladies infectieuses au CHU de Casablanca. «En modifiant cet adénovirus, il va y avoir ce qu'on appelle une inclusion dans le matériel génétique. Cette information génétique sera récupérée, placée dans l’adénovirus et c’est ainsi que la protéine S, dite Spike, sera produite. A partir de là, l’adénovirus sera tué et ce sera ça le vaccin», ajoute-t-il.

Le spécialiste des maladies infectieuses rappelle que tous les vaccins actuels reposent sur cette protéine S. C’est pour cette raison qu’il est très important de surveiller les modifications qui surviennent lorsqu’il y a mutation du virus. «Pour l’instant, les nouvelles souches du Covid-19, celles de Grande-Bretagne, d’Afrique du Sud, du Brésil et du Japon, n’ont pas produit de modifications sur cette protéine et par conséquent les vaccins produits restent efficaces», souligne Kamal Marhoum Filali.

Cet éminent spécialiste marocain, qui a supervisé les essais cliniques du vaccin de Sinopharm au CHU de Casablanca, précise toutefois que le variant britannique a apporté de très légères modifications sur la protéine S. «Il y a des inquiétudes en Angleterre depuis que les scientifiques ont découvert qu’il y avait un léger changement au niveau de la protéine S. S’il y a d’autres modifications sur cette protéine il faudra développer d’autres vaccins, car ceux qui existent actuellement pourraient, avec le temps et les mutations du virus, s'avérer inefficaces».

Kamal Marhoum Filali confie à Le360 que le Maroc procède à la cinétique de l’évolution des nouvelles souches du Covid-19 au Maroc et que le pays est, par là même, habilité à notifier les modifications du variant sur la protéine S du virus. C’est le résultat du travail de séquençage qui est réalisé à l’Institut Pasteur de Casablanca, à l’Institut national d’hygiène et au Laboratoire de biotechnologie de la faculté des sciences de Rabat.

Effets secondaires du «Covishield»

Les effets secondaires du «Covishield» développé par le laboratoire britannico-suédois AstraZeneca et l'université d'Oxford sont les mêmes que ceux observés durant les essais cliniques du vaccin chinois menés au Maroc auprès de 700 volontaires. «Il peut y avoir des tuméfactions sur la peau au niveau des points d’injection, des maux de tête, des courbatures et un peu de fièvre», indique Kamal Marhoum Filali.

On préconise une prise de paracétamol en cas de fièvre et de douleurs et un pansement alcoolisé pour les tuméfactions.

Par Qods Chabaa
Le 23/01/2021 à 11h33