Le PJD divisé sur le cas de son parlementaire tricheur

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Revue de presseKiosque360. Pris en flagrant délit de triche aux examens du bac, le parlementaire du PJD, Noureddine Qchibel, se dit visé par un complot. Au PJD, les réactions divergent et la commission de la transparence s’est déjà saisie de l’affaire.

Le 09/06/2019 à 22h44

En attendant de trouver une solution au pétrin dans lequel l’a mis son parlementaire, accusé de triche aux examens du bac, le PJD tente de trouver des justifications à cet acte. A peine ébruitée l’information selon laquelle le parlementaire de Ghefsaï (à Taounat) a été pris avec trois téléphones portables en sa possession dans la salle d’examen, la commission de l’intégrité et de la transperce s’est tôt saisie de l’affaire. Un rapporteur a été désigné et le mis en cause, Noureddine Qchibel, a déjà été entendu, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans sa livraison du lundi 10 juin.

D’après le journal, réputé proche du parti islamiste, les réactions sont divergentes au sein du PJD. Alors que certains membres banalisent cet incident, accusant par la même occasion les adversaires politiques du parti d’en gonfler l’effet, d’autres reconnaissent que le député a effectivement enfreint la loi, tout en minimisant la portée de son acte. Ces derniers, même s’ils admettent qu’au vu de la loi il y a eu fraude, soutiennent, cependant, que rien ne prouve que le parlementaire a fait usage de ses téléphones. C’est d’ailleurs ce dont se propose de s’assurer la commission de la transparence qui compte saisir les compagnies de télécom. De toutes les manières, soutiennent les uns comme les autres, cet incident aurait tout au plus valu au concerné une mise en garde et l’incident aurait vite été oublié, comme cela se fait généralement quant il s’agit d’un élève «ordinaire».

Cela dit, d’après la version des faits racontée par Noureddine Qchibel au quotidien, ce dernier s’est effectivement présenté, samedi 8 juin à 8h, à la salle n°2 du lycée Al Irfane, à Rabat, pour passer les épreuves de français et d’éducation islamique du baccalauréat. Seulement, 17 minutes après le début de l’examen, le directeur du lycée a fait irruption dans la salle accompagné d’autres personnes, qui se sont dirigé vers lui. Ils lui ont demandé, poursuit-il, s’il avait sur lui un téléphone portable et il a répondu qu’il en avait trois.

Les trois responsables, qui étaient équipés d’un détecteur, lui ont ensuite demandé s’il en avait un autre, plus sophistiqué. Il a répondu par la négation. Mais à aucun moment, affirme-t-il, il n’a sorti ses téléphones de sa poche, et les trois responsables n’avaient émis aucune remarque le concernant. D’après le parlementaire, le directeur de l’établissement aurait agit «suivant des consignes» qui lui auraient été dictées. Il lui aurait même confié qu’on l’aurait mis dans «une situation embarrassante».

Bref, après avoir rappelé que la possession d’un téléphone portable ou tout autre appareil électronique au moment des examens est une infraction à la loi votée par les parlementaires, le quotidien souligne, citant le parlementaire, que ce dernier «les a oubliés dans sa poche». De toutes les manières, soutient Akhbar Al Yaoum, au moment des faits, deux des trois appareils étaient éteints alors que le troisième se trouvait en «mode silencieux». Il n’a donc pas été surpris en train de les utiliser.

Par la suite, toujours selon la version des faits du mis en cause, ce dernier a été conduit dans le bureau du directeur du lycée où il devait attendre le directeur de l’Académie. Trois heures plus tard, le responsable en question ne s’est finalement pas présenté, mais il s’est fait remplacer par son adjoint. Entre temps, l’information avait déjà été ébruitée et la photo de ses trois téléphones diffusée par de nombreux sites d’information. D’après Noureddine Qchibel, le responsable de l’Académie se serait même excusé pour le désagrément que lui aurait causé la diffusion de cette information.

De toutes les manières, à en croire le quotidien Akhbar Al Yaoum, le député islamiste n’avait pas besoin de passer son bac pour une quelconque promotion sociale ou professionnelle. S’il avait décidé de décrocher ce diplôme, c’est pour s’inscrire à la faculté de droit afin améliorer ses connaissances en la matière et sa culture générale. Car, affirme-t-il, il possède déjà plusieurs diplômes, notamment dans le domaine de l’électricité et en management de qualité. De plus, en homme d’affaires prospère, il possède une société spécialisée en télécommunications qui emploie un millier de personnes.

En outre, avant d’être élu parlementaire aux législatives de 2016, le député islamiste s’était déjà fait élire président de commune en 2015, toujours sous les couleurs du PJD, et, par la suite, président d’un groupement intercommunal composé de 49 collectivités territoriales.

Par Amyne Asmlal
Le 09/06/2019 à 22h44