L’Association et le Centre Tahadi pour la Citoyenneté organisent une large campagne à travers le grand Casablanca sous le slogan: «Le Transport est pour toutes et tous… Stop au Harcèlement». Une initiative lancée dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale contre la violence faite aux femmes et à titre de contribution à la campagne mondiale «16 jours d'activisme contre la violence faite aux femmes».
Cet événement a été l’occasion de dévoiler les chiffres relatifs au harcèlement dans les transports publics, chiffres révélés par une étude de terrain dont se fait l’écho Assabah dans son édition de ce lundi 27 novembre. La première constatation des auteurs de cette étude, qui porte sur 200 femmes, est que le harcèlement touche les femmes de toutes les tranches d’âge. Environ 5% des femmes harcelées ont plus de 60 ans, alors que 12% d’entre elles n’ont pas encore 18 ans. Les 19-39 ans représentent, quant à elles, 54% des victimes.
Il a également été établi que les harceleurs ne se contentent plus de lancer des regards appuyés, des propos suggestifs ou de faire des gestes évocateurs. Ils optent désormais pour des formes plus préjudiciables à la femme comme la palpation et l’agression sexuelle avérée. Sur l’échantillon des 200 femmes interviewées, 75 ont déclaré avoir été harcelées dans le bus, 70 à bord d’un grand taxi, 66 à bord d’un petit taxi, 43 dans le tramway, 28 sur un triporteur et 3 dans le train, signale Assabah.
Rappelant les statiques officielles qui révèlent que 55% des femmes sont des femmes au foyer tandis que 20,8% d'entre elles prennent en charge leur famille, l'étude nous apprend d'ailleurs que la majorité des femmes harcelées sont veuves ou divorcées et se trouvent contraintes d'emprunter un moyen de transport public. Dans le même échantillon, 70 femmes ont déclaré prendre de grands taxis, 16 ont recours au petits taxis, 28 se contentent de triporteurs et 26 font appel aux clandestins (khettafa). 71% d'entre elles ont confié le sentiment d’inconfort qui les accompagne dans les transports en commun, tandis que 29% ont déclaré être relativement à l'aise pour avoir opté pour le petit taxi, malgré le sacrifice financier consenti.
Le pire est que ces agressions passent sous silence. Dans la majorité des cas, les femmes ont honte ou peur d’être prises pour responsables. D'où l’urgence de la mise en place d’un plan de lutte contre le harcèlement. Celui-ci devrait être amorcé par une loi claire destinée à protéger les femmes contre cette forme de violence, souligne Assabah qui indique que les textes éparpillés, qui n’ont pas bougé d’un iota depuis 2006, ne sont pas ou peu applicables puisqu'ils exigent des preuves souvent impossibles à présenter.