Enfants nés hors mariage: l'association Insaf s'insurge contre Ramid

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Mustapha Ramid, ministre d’État chargé des droits de l'Homme, a présenté jeudi 21 septembre à Genève les réponses du Maroc aux 44 recommandations de l'ONU. Plusieurs recommandations ont été rejetées, chose dénoncée par l'association Insaf qui défend les mères célibataires. Explications.

Le 22/09/2017 à 08h11

Un enfant né hors mariage est discriminé à vie. Selon l’association Insaf, «c’est ce que le Maroc veut confirmer à Genève le 21 septembre 2017 lors de la 36ème session du Conseil des droits de l’homme en rejetant 44 de ses recommandations sur les droits de la femme, dont celles relatives aux droits des enfants nés hors mariage».

Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des droits de l’homme est depuis ce jeudi 21 septembre à Genève pour représenter le Maroc au conseil de l’ONU et réagir publiquement aux 44 recommandations des Nations Unies. Mais avant cette présentation publique, le Maroc a déjà envoyé ses réponses qui ont été publiées sur le site des Nations Unies le 5 septembre.

C’est à la lecture de ces réponses que l’association Insaf a réagi à travers une pétition diffusée sur internet et dans laquelle ses membres dénoncent le fait que «le Maroc rejette les recommandations visant à abolir la criminalisation des mères célibataires et à permettre une reconnaissance juridique totale des enfants nés en dehors du mariage, à permettre des tests ADN pour déterminer la paternité», peut-on lire dans le texte de la pétition.

Contactée par le360, Bouchra Ghiati, la présidente de l’association Insaf souligne que «si le Maroc a cette vision dogmatique de ne reconnaître que les enfants qui sont nés dans le cadre d’un mariage, il faudrait que les politiques publiques accompagnent cette vision. Il faudrait aussi en même temps pousser à ce qu’il y ait plus de mariages, inciter les jeunes à se marier plutôt, mener des campagnes de prévention et d’éducation sexuelle...»

Or, selon Bouchra Ghiati, le Maroc à travers sa politique, n’est ni dans le préventif ni dans le curatif. «Il n’y a rien au niveau de l’Etat qui soutient les mères célibataires et leurs enfants et la situation dépasse les moyens des associations. A partir du moment où il y a une réalité visible à l’œil nu, on ne peut plus continuer d’occulter et faire semblant comme si elle n’existait pas. Il faut être soit dans le préventif soit dans le curatif. On ne peut pas se suffire aujourd’hui de considérer que les enfants doivent naître dans le cadre d’une famille» ajoute la présidente de l’association INSAF.

A l’instar des 15 associations qui défendent les droits des femmes célibataires au Maroc, INSAF demande pour chaque enfant né hors cadre du mariage qu'il y ait un test ADN systématique pour déterminer la filiation et lui déterminer l’identité du père. «Si on impose le test ADN systématiquement, il y a beaucoup de gens qui réfléchiront deux fois avant de faire un enfant pour ensuite ne pas le reconnaître» souligne Bouchra Ghiati.

A travers la pétition, qui a récolté plus de 322 signatures à l’heure ou nous mettions en ligne, l’association INSAF rappelle «les responsables à tous les niveaux à leur devoir de faire appliquer la constitution de notre pays et notamment son article 32, l’Etat assure une légale protection juridique et une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur situation familiale".

Par Qods Chabaa
Le 22/09/2017 à 08h11