La Chambre criminelle près la Cour d’appel de Rabat a poursuivi jeudi le procès des vingt-quatre accusés dans l’affaire de l'assassinat des deux touristes scandinaves à Imlil dans la région de Marrakech en décembre de l’année dernière. Cette audience, la quatrième depuis l’ouverture de ce procès, a été consacrée à l’interrogatoire de treize inculpés, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du week-end des 15 et 16 juin.
Parmi les treize accusés, un ex-militaire affichant ouvertement son appartenance au réseau jihadiste et ses convictions extrémistes. Devant les magistrats et le président de la Cour, cet ancien militaire a revendiqué ses idées, n’affichant froidement aucun remord. Toujours convaincu du jihad, il a révélé au président de la Cour, qui l’interrogeait sur la décapitation des deux touristes scandinaves, que l’opération (crime) «n’a pas été exécutée correctement». Pour lui, a-t-il encore asséné froidement, «il fallait tuer des hommes plutôt que des femmes».
Un autre accusé, poursuit le quotidien, a également avoué qu’il reste fidèle aux principes du jihad, sans toutefois prendre part à ce crime. En ce moment, précise le quotidien, la défense de la partie civile insistait dans ses questions sur les relations de cet accusé avec les autres lors de leur séjour d’apprentissage à l’école coranique du Cheikh El Meghraoui à Marrakech. C’est dans ce sens qu’un autre inculpé a révélé que l’accusé principal l’avait convié à un voyage dans le Haouz avant de rejoindre l’organisation terroriste «Daech». Cet accusé, qui a cependant nié qu’il projetait des attentats, a déclaré que l’accusé principal (Abdessamad) l’avait convié à une conférence/débat avec le Cheikh El Meghraoui, tout en filmant la scène à son insu. L’objectif de cette manœuvre, a précisé l’accusé, était de mettre à nu les vraies convictions du cheikh El Meghraoui qui se faisait passer pour un sage, induisant en erreur les autorités marocaines. Et de souligner que le cheikh est un extrémiste, fait l’apologie de l’extrémisme et soutient des idées extrémistes contre la nation, sans attirer l’attention des autorités compétentes.
Cette audience s’est déroulée en présence de l’ensemble des vingt-quatre accusés dans cette affaire, leur défense et le représentant de l’Etat marocain comme partie civile, a précisé le quotidien. Dès l’ouverture du procès, le président de la Cour a rappelé les chefs d’accusation qui pèsent sur les accusés qui étaient présents à la barre. Ces chefs d’accusation s’articulent autour de la constitution d’une bande en vue de préparer et commettre des actes terroristes visant à porter gravement atteinte à la sûreté de l’Etat, l’aide préméditée à des auteurs d’actes terroristes, l’entraînement de personnes en vue de rejoindre une organisation terroriste et apologie du terrorisme.
Vingt-quatre accusés sont poursuivis dans le cadre de cette affaire, dont un ressortissant suisse de nationalité espagnole et deux imams. Les victimes, Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, campaient dans la localité d’Imlil avant une randonnée en montagne.