«Les services consulaires de Barcelone nous ont fait parvenir des médicaments. Moi, j’ai des problèmes de tension et mon mari est diabétique». Ce témoignage, confié à notre journaliste-correspondant à Oujda, est celui d’une Marocaine rapatriée ces derniers jours d’Espagne.
Des services consulaires qui acheminent des médicaments gratuitement à des citoyens en détresse à l’étranger, cela pourrait relever de la science-fiction. Mais le Maroc l’a fait et ce n’est qu’une partie de toutes les attentions dont ont été entourés nos concitoyens qui ont eu la malchance de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Il faut dire qu'à peine tout le dispositif mis en place, le roi Mohammed VI a ordonné que tous les frais soient supportés par l’Etat.
«Nous avons payé l’hôtel pour des dizaines de personnes et pendant des semaines à Alger et à Oran», affirme une source consulaire marocaine en Algérie d’où le Maroc a rapatrié plus de 600 de ses ressortissants.
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Ce n’est nullement pour comparer, mais sachez que des citoyens algériens s’étaient vu confisquer leurs passeports en Turquie pour ne pas avoir été en mesure de payer leurs hôtels et qu'Ankara a sommé Alger de passer à la caisse.
Le coût de la solidaritéMais il n’y a pas que cela. Selon le ministre des Affaires étrangères, qui s’exprimait au Parlement début juin, près de 7.000 Marocains bloqués à l’étranger ont bénéficié d’aides financières. Le montant exact n’a pas été révélé, mais on imagine ce que cela doit représenter quand il s’agit d’une personne bloquée en Europe par exemple.
Selon nos sources, hormis aide financière et autres prestations sur place, le rapatriement de chaque Marocain coûte entre 20.000 et 30.000 dirhams. Cela inclut le transfert vers l’aéroport de départ, le vol, puis le confinement pendant neuf jours avec deux tests PCR. La personne rapatriée ne débourse pas le moindre dirham et peut même prétendre au luxe d’être convoyée à son domicile avec un panier de présents et de médicaments.
Le parcours du rapatriéBeaucoup de nos concitoyens s’étaient plaints de retard pris par les autorités pour les faire revenir au Royaume. Mais, en vérité, ce n’est pas une opération qui se boucle en un claquement de doigts.
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Les autorités attendaient d’être fixées quant à la situation pandémique au Maroc, de disposer d’infrastructures médicales à même de parer à tout imprévu et ont procédé par priorité.
Dans les pays d’accueil (provisoires), toute personne candidate au rapatriement doit s’enregistrer auprès des autorités consulaires marocaines qui avaient mis en place, dès le début de la crise, des cellules dédiées.
Selon les directives royales, ces mêmes autorités devaient procéder par ordre de priorités: les personnes vulnérables, malades, vieilles ou les femmes enceintes ou accompagnées d’enfants en bas âge.
Quelques jours avant le rapatriement, les concernés sont appelés à rejoindre une sorte de «zone de rassemblement», qui est généralement le chef-lieu de la circonscription consulaire. Les candidats au rapatriement sont hébergés, aux frais de l’Etat, dans des hôtels avant d’être ramenés au Maroc.
De l’utilité du pavillon nationalLe Maroc a-t-il raison, ou non, de continuer à disposer d’une compagnie aérienne nationale? Les avis divergent, mais cette crise du coronavirus a démontré le bien fondé pour un pays d’avoir son pavillon national. D’ici le 23 juin, la RAM va assurer près d’une trentaine de vols de rapatriement. Et ce n’est pas tout.
Le transporteur national dispose de staffs formés et rodés pour ce genre d’opérations, que ce soit à bord ou au sol.
«Au moment où pratiquement tous les espaces aériens du monde sont fermés, il fallait mener une série de tractations avec plein d’intervenants pour les opérations de rapatriement», nous explique une source impliquée dans ce processus. Concrètement: il fallait coordonner le handling, l’enregistrement et surtout obtenir les autorisations de survol des espaces aériens de plusieurs pays.
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Ce que refusent de dire les responsables de la RAM, c’est ce que la compagnie, bien qu'elle soit nationale, facture chacun de ses vols à l’Etat.
La suite?Comme nous l’annoncions, mercredi 17 juin, les opérations de rapatriement vont se poursuivre lors des jours et des semaines à venir. D’ici la fin de ce mois de juin, 12 vols sont programmés entre la Turquie et le Maroc, à raison de près de 100 passagers par vol.
Après la Turquie, affirment nos sources, ce sera au tour des Marocains bloqués dans les pays du Golfe. Eventuellement les Emirats pour commencer. Et la France pourrait suivre.
Cela veut-il dire que c’est fini pour les autres destinations déjà concernées par ces opérations? Nos sources répondent que non. Il faudra s’attendre à d’autres vagues d’évacuation. En attendant la réouverture de l’espace aérien national…
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