Comment trois jeunes artistes de Casa ont été malmenés aux Pays-Bas

L'aéroport de Hollande où ces trois jeunes Casablancais ont atterri, avant d'en être refoulés à destination du Maroc, quelques jours plus tard. 

L'aéroport de Hollande où ces trois jeunes Casablancais ont atterri, avant d'en être refoulés à destination du Maroc, quelques jours plus tard.  . DR

Ils étaient partis pour une compétition de break-dance, ils ont découvert la Hollande à travers des interrogatoires humiliants, et un court séjour dans un centre de migrants sans-papiers, où l’un d’entre eux a été placé à l’isolement. Voici leur récit, à leur retour au Maroc.

Le 07/02/2019 à 19h30

Hamza El Karmoudi, Omar Bourich et Ahmed Akar, trois Casablancais âgés de 20 à 21 ans, tous étudiants, étaient pourtant détenteurs d’un visa valable sur l’ensemble de l’espace Schengen, apposé sur leur passeport par le consulat de Hollande à Rabat…

Ces trois jeunes font partie d’un collectif de 7 danseurs, «The Lions Crew», mais seul ce trio d’artistes urbains, qui ont fait du break-dance leur spécialité, se sont envolés pour l'aéroport d'Eindhooven, pour participer à une compétition à Hoorn, une cité-dortoir près d’Amsterdam, à l’invitation d’une association locale.

A leur arrivée, le 10 janvier dernier, voici presque un mois à présent, l’accueil a été plutôt rude: ils ont été purement et simplement interdits d’entrer dans le territoire hollandais.

Leur calvaire, qui a duré entre cinq et sept jours, a alors débuté, au motif, selon la police hollandaise des frontières, que leurs fonds étaient insuffisants pour subvenir à leurs besoins durant leur séjour.

Pourtant, selon Hamza El Karmoudi, contacté par Le360, «nous avons bien précisé aux agents que nous avions de la famille en Europe. Il était prévu que nous allions recevoir de l’argent supplémentaire de nos proches respectifs, au besoin».

Les agents n’ont rien voulu entendre des explications fournies par les trois jeunes artistes et les ont ensuite conduits, dans un premier temps, au commissariat de l’aéroport.

Ahmed Akar, quant à lui, affirme qu’ils n’ont pas eu «le droit de passer un coup de fil pour prévenir [leur] famille, encore moins d’obtenir un accès à Internet pour pouvoir contacter le monde extérieur». 

Mais pire encore attendait les trois jeunes hommes… Interrogés séparément, les trois break-dancers se sont vus littéralement mitraillés de questions, témoignent-ils aujourd’hui, des questions humiliantes, traduites par un interprète au téléphone: avez-vous déjà fait une tentative de suicide? Avez-vous déjà eu des envies de meurtres? Etes-vous atteint de maladies psychologiques? Avez-vous déjà eu des relations sexuelles? Avez-vous le sida ou une MST?

Les trois jeunes ne sont pas au bout de leurs peines. Interrogé par Le360, Hamza El Karmoudi, encore révolté par ce qui lui est arrivé, raconte: «ils ont ensuite pris nos empreintes, nous ont photographiés de face et de profil, nous ont fouillés, déchaussés et délestés de nos téléphones…»

La police hollandaise a ensuite envoyé ces jeunes artistes dans un centre de détention pour clandestins à Rotterdam, à deux heures de route de l’aéroport où ils ont atterri, Eindhooven.

Dans ce centre de détention, les trois jeunes Marocains ont été séparés, une fois de plus… Hamza El Karmoudi et Ahmed Akar ont été placés ensemble dans une cellule, Omar Bourich quant à lui, à l’isolement dans une autre.

Leur demande de rester ensemble leur a d’ailleurs été refusée à plusieurs reprises.

«Nous avons été fiers de recevoir, durant notre détention, la visite du Consul du Maroc à Rotterdam, dimanche 13 janvier. Il nous a soutenus et nous a réconfortés, et nous a assurés que notre calvaire prendrait bientôt fin», raconte Hamza El Karmoudi.

Ce dernier, ainsi que Omar Bourich, auront passé cinq jours dans ce centre de détention, avant que la porte de leur «prison» ne s’ouvre sur eux, et qu’ils ne soient reconduits d’autorité dans un avion qui les a ramenés au Maroc.

Ahmed Akar, quant à lui, qui avait été placé en cellule d’isolement, devra attendre deux jours encore, avant de pouvoir prendre un vol de retour au Maroc. 

Ces trois jeunes Marocains étaient partis pour montrer leur talent, ils n’auront finalement vu de la Hollande que des cellules de prison et des hommes en uniformes qui prennent du plaisir à humilier.

Par Karim Ben Amar
Le 07/02/2019 à 19h30