Ces Marocaines qui ont mis les services secrets étrangers à leurs trousses

Brahim Taougar - Le360

Revue de presseKiosque360. Pour raisons d’appartenance à une nébuleuse terroriste, de militantisme carrément révolutionnaire, voire d’amour fou pour un homme, qu'il soit de la mafia ou non, nombreuses sont les Marocaines qui ont eu maille à partir avec le Mossad israélien, Interpol, le M16 britannique...

Le 21/04/2018 à 00h18

Dans son édition de ce week-end des 21 et 22 avril, le quotidien Al Akhbar a consacré un dossier à un groupe de Marocaines qui se sont attiré les foudres des services secrets étrangers, dont les plus redoutables, pour cause d’activisme repréhensible couvrant divers domaines.

A tout seigneur tout honneur. C’est donc par une célèbre confrère, feue Nadia Bradley, que nous commençons ce tour d’horizon. Fille d’un richissime transporteur marocain, et non moins grand résistant à la colonisation française, Nadia et sa sœur Ghita, ont surpris tout le Maroc un certain jour d’avril 1971. Les deux sœurs, censées être parties en France pour des soins médicaux, ont été arrêtées à l’aéroport de Lod (devenue Ben Gourion plus tard), près de Tel Aviv. Dans leurs valises, la police a découvert des explosifs, car les deux Casablancaises, qui ont épousé la cause palestinienne, projetaient des opérations, dites de Feddayin, contre une dizaine d’hôtels dans la capitale israélienne. Après moult interrogatoires par le Shin Bet israélien, puis un procès express, les Bradley sont condamnées à douze ans de prison. Elles n’en purgeront que quatre, grâce à une mère poule combative qui réussit à les extirper des griffes israéliennes.

Direction le Liban cette fois-ci, où les deux sœurs feddayins arrivent en 1975, avant de participer à la très meurtrière guerre civile locale. Elles passeront sept ans dans l’enfer de Beyrouth, et échapperont plus d’une fois aux hommes du Mossad qui les traquaient à nouveau… Avant un retour au pays en 1982. Là, Nadia et Ghita se lancent dans une autre bataille: l’héritage immense de leur père, mort en 1983, héritage que ses associés voulaient accaparer. Après avoir gagné ce procès, Nadia va s’assagir et mener une vie familiale tranquille avec son mari palestinien, en s’adonnant à sa nouvelle passion: le journalisme où elle fut successivement la rédactrice en chef du Message de la Nation, avant de fonder son propre journal, Le Libéral, qu’elle gérera jusqu’à sa mort en 1995. L’œil du Mossad, qui n’a plus cessé de la scruter, pouvait regarder ailleurs.

Al Akhbar rapporte également le cas très sulfureux de la Maroco-néerlandaise, Malika Kerroum, alias Mata Hari, à cause des suspicions d’espionnage et de crimes à son encontre, mais qui est plutôt connue pour sa relation avec le haut milieu de la drogue. En effet, Malika n’est autre que l’ancienne maîtresse du roi de la mafia de la drogue, le Britannique John Simon, liquidé par un gang rival. Ce qui vaut à cette dame de faire l’objet, en 2010, d’un avis de recherche lancé par les services de police hollandais.

Accusée même de financement du terrorisme et de recrutement de Marocaines à cet effet, Malika fera la Une de plusieurs journaux aux Pays-Bas et dans le monde arabe. Aux dernières nouvelles, elle aurait atterri à Dubai avec des dizaines de millions d’euros, avant de se lancer dans les affaires immobilières et autres commerces. Et ce, tout en prenant soin de recourir au bistouri pour changer de visage de temps à autre, tout en profitant de son pactole et de l’absence d’une convention d’extradition entre les Emirats et les Pays-Bas.

Une autre Malika, maroco-belge celle-là, n’en finit pas de rendre visite aux commissariats belges à cause de son soutien au terrorisme. En effet Malika Arroud, que le spécialiste en stratégie sécuritaire en Europe, Claude Moniquet, a qualifiée de femme «dangereuse mais très intelligente», est très active sous sa burqa, mais arrive toujours à dribbler les services secrets de son pays d’accueil qui ne la lâchent pourtant jamais d’une semelle. Mais quand elle tenta, en 2007, de faire fuir de prison le footballeur tunisien Nezzar Taraoulsi, emprisonné pour une affaire de lien avéré avec Al Qaïda, elle fut placée derrière les barreaux, permettant ainsi à la police belge de respirer.

Al Akhbar relate aussi d'autres cas, comme celui de «Garcia la juive», que le colonisateur soupçonnait d’espionnage au profit de la résistance à Casablanca, ou celui de Fatiha El Mejjati, veuve du terroriste éponyme lié au 11-Septembre, qui s’occupe actuellement des femmes célibataires… dont la progéniture est attribuée à des Daéchiens.

Par Mohammed Ould Boah
Le 21/04/2018 à 00h18