La ville de Casablanca risque de crouler, incessamment, sous les ordures si la commune urbaine n’arrive pas à s’acquitter de ses dettes envers les sociétés délégataires chargées de la gestion des services de la propreté. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du week-end (20 et 21 mars), que la mairie est redevable aux deux sociétés d’un montant de 400 millions de dirhams représentant cinq mois d’impayés. Autant dire que depuis septembre 2020, les deux gestionnaires délégués gèrent ce secteur avec leurs fonds propres ou en recourant à des emprunts. Une contrainte qui les oblige à offrir le minimum des prestations de service tout en étant dans l’impossibilité de payer les salaires de 640 employés.
Ces derniers sont obligés de manifester et de protester pour grignoter un mois de salaire alors qu’ils ont cumulé plusieurs mois de retard de rémunérations. Une situation critique qui pourrait mettre aux arrêts le secteur de la collecte des déchets ménagers et similaires dans les prochains jours si la mairie n’arrive pas débloquer les fonds nécessaires pour payer ses prestataires. Le contrat signé il y a 18 mois entre les deux parties stipule que la mairie doit verser chaque mois une somme forfaitaire de 75 millions de dirhams en contrepartie des prestations de service et le paiement des salaires des employés.
Le quotidien Assabah rapporte que la mairie n’a pas donné d’explication à ces retards de paiement qui menacent la ville d’être envahie par les ordures, comme ce fut le cas en 2013. A cette époque, le roi Mohammed VI avait dressé un véritable réquisitoire contre la gestion de la chose publique dans la capitale économique lors de l’ouverture de l’année parlementaire: «Casablanca est la ville des gratte-ciel et des bidonvilles. C’est le centre de la finance et des affaires, mais aussi de la misère, du chômage et d’autres maux, sans parler des déchets et des ordures qui en ternissent la blancheur et entachent la réputation».
Lors de la signature du contrat, le conseil de la ville s’était pourtant engagé à régler un montant forfaitaire mensuel aux deux sociétés délégataires. Sauf que dans ses prévisions, la mairie avait surévalué le montant de ses recettes et s’était retrouvée incapable d’honorer ses engagements. D’autant que les deux prestataires ont engagé un budget annuel d’investissement de 890 millions de dirhams au lieu de 55 millions de dirhams prévu initialement.
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